Les Kurdes veulent sauver la citadelle d’Erbil

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Publié 29/01/2008 par Elena Becatoros (The Associated Press)

Surplombant les quartiers modernes d’Erbil, les allées étroites et les cours poussiéreuses de la citadelle sont presque désertes. Considéré comme l’une des zones urbaines les plus anciennes sur Terre, avec plus de 8 000 ans d’histoire, ce vestige de l’Antiquité est menacé de ruine, mais les autorités du Kurdistan irakien espèrent le sauver en le convertissant en attraction touristique.

Ce projet est porteur d’espoir pour le riche patrimoine culturel irakien et met en lumière le contraste entre la tranquillité relative de la région du Kurdistan, dans le nord de l’Irak, et la violence qui sévit dans d’autres parties du pays.

Les autorités du Kurdistan irakien veulent transformer la citadelle et les richesses archéologiques que recèle son sous-sol en un site touristique international doté d’hôtels, de cafés, de galeries d’art et d’une vraie population résidant sur place. Actuellement, les bâtiments de la cité antique, en état de délabrement avancé, menacent de s’effondrer.

L’opération de sauvetage s’annonce ardue. Sur les quelque 800 logements que compte la citadelle, «pas plus de 20 se trouvent dans un état acceptable», note Mohamed Djelid, représentant de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) en Irak.

«Ce monument très important au coeur d’Erbil est aujourd’hui mort», souligne de son côté Shireen Sherzad, qui dirige une commission en charge des efforts de restauration et est également conseillère du Premier ministre de la région kurde, Nechirvan Barzani. Elle estime à 35 millions de dollars le coût du projet pour les trois premières années, mais pour le moment il n’y a «aucune ressource de financement».

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Reste que personne ne conteste que la citadelle, avec ses trois mosquées, son hammam vieux de 650 ans et ses maisons aux intérieurs peints et aux arches élégantes, a besoin d’une grande attention.

La situation est «très critique», souligne Ihsan al-Totinjy, représentant de la société tchèque Gema Art Group qui a recours à l’imagerie numérique pour cartographier le site. «Les maisons ne sont pas droites» et risquent de s’écrouler quand il pleut, ajoute-t-il. L’entreprise tchèque travaille à l’élaboration d’un plan virtuel en trois dimensions, qui devrait être achevé en février et permettre de cibler les besoins de rénovation.
Dans l’ensemble de l’Irak, des trésors architecturaux sont en danger, victimes de la négligence ou d’actes de pillage et de destruction.

Le Conseil international des monuments et des sites, une organisation non gouvernementale basée à Paris, présente la citadelle dans son rapport 2004-2005 sur les monuments irakiens menacés comme un des cinq cas «où les dégâts sont si graves que l’on peut parler de génocide culturel».

La citadelle possède «un riche dépôt historique contenant des preuves de plusieurs millénaires de peuplement, plus de 8 000 ans, ce qui en fait le site habité sans interruption sur la durée la plus longue dans le monde», selon M. Djelid. Elle repose au sommet d’un monticule de 30 mètres de haut formé par des couches successives de peuplements assyrien, akkadien, babylonien, perse ou encore grec.

Le site n’a jamais fait l’objet de fouilles exhaustives, et de récents examens géophysiques ont révélé ce qui pourrait être un temple antique enfoui, précise Kanan Mufti, responsable du ministère de la Culture du gouvernement régional. Le projet de restauration prévoit de cartographier certaines zones en vue de futures excavations archéologiques.

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En novembre 2006, la citadelle, qui abritait les habitants les plus pauvres d’Erbil, a été vidée de sa population afin de préserver le site menacé par l’érosion provoquée par l’infiltration des eaux usées dans le sol en l’absence de tout système d’évacuation.

Ses 840 familles déplacées ont reçu une parcelle de terre hors de la ville avec accès à l’électricité, l’eau courante et à un système d’évacuation des eaux usées et 4 000 dollars pour construire une nouvelle maison, selon le gouverneur d’Erbil Naouzet Haidi. Tous ont accepté.

Une famille a toutefois consenti, moyennant compensation, à rester dans la citadelle pour que le site puisse continuer à être habité et pour y gérer des pompes commandant l’acheminement de l’eau.

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