Les Jeux olympiques sous le stéthoscope

Les Jeux olympiques de Rio au Brésil, (Photo: VictorOpenStock vis Wilipedia Commons)
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Publié 02/08/2016 par Isabelle Burgun

Le joueur de tennis canadien Milos Raonic n’ira pas à Rio. L’athlète a annoncé qu’il renonce à participer aux Jeux olympiques, qui s’ouvrent ce vendredi 5 août dans la métropole brésilienne, en raison de la présence du virus Zika et de divers problèmes de santé.

Il n’est pas le seul sportif à craindre de tomber malade, alors qu’une nouvelle étude confirme toutefois que le risque de propagation de la maladie s’avère négligeable.

Zika

Le Brésil reste le pays d’Amérique latine le plus affecté par le virus Zika, transmis par la piqure d’un moustique porteur (Aedes aegypti), mais aussi par relations sexuelles.

Le lien avéré entre le virus et la naissance de bébés atteints de microcéphalies contribue sans aucun doute à aiguiller la peur de contracter la maladie et qu’elle se répande dans les pays d’origine des visiteurs.

L’étude confirme la décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de ne pas annuler ni reporter les Jeux, malgré un appel endossé par 200 scientifiques inquiets. Le comité d’urgence sur le virus Zika de l’OMS a toutefois pris le temps d’examiner cette question, pour parvenir au même résultat.

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Le modèle mathématique utilisé par l’étude combine les récents cas de transmission, les conditions météorologiques saisonnières et les flux de voyageurs. Résultat des jeux: de 3 à 37 personnes courent le risque d’être affectés par la maladie, mais en aucun cas, cet évènement populaire – on attend près de 400 000 visiteurs – ne propagera d’épidémie.

De plus, ce sera l’hiver dans l’hémisphère sud, une saison moins propice aux moustiques. De nombreuses mesures d’éradication de ces principaux vecteurs de la maladie ont été prises depuis un an que le Brésil vit avec le Zika. Actuellement, 60 pays ont confirmé la présence de cas de transmission du virus sur leur territoire.

Eaux polluées

Pas trop d’inquiétude quant au Zika, donc. Cependant, il vaudra mieux nager avec la bouche fermée dans les eaux polluées de la baie de Guanabara, où se dérouleront les compétitions de voile et de surf.

Les risques sanitaires élevés ont poussé le scientifique Daniel Backer à dénoncer cette situation où les athlètes devront naviguer entre les déchets et les micro-organismes!

Véritables bouillons de culture bactérienne, ces eaux renferment, entre autres germes, le rotavirus (diarrhées, vomissements, etc.) et une «super bactérie» du joli nom d’entérobactérie carbapénème résistante – résistante aux antibiotiques et potentiellement fatale pour les personnes au système immunitaire affaibli.

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Bien que l’exposition des athlètes soit temporaire, ces eaux boueuses contaminées par les déjections diverses – dont les rejets chimiques d’industries riveraines – représentent surtout un risque pour la population locale, particulièrement celle des bidonvilles.

Sida

Autre source d’inquiétude, les infections transmissibles sexuellement, car les Jeux olympiques ont la réputation d’être une opportunité festive de rencontres.

D’autant plus que les performances sportives ne seraient pas incompatibles avec le sexe – une vieille étude bien citée – même si les ébats avec de nouveaux partenaires brûleraient plus de calories que des câlins avec son conjoint habituel.

Sans compter que le Brésil est l’un des pays aux plus forts taux de personnes infectées par le sida. Plus de 450 000 préservatifs seront distribués aux sportifs – trois fois plus qu’aux Jeux de Londres, paraît-il.

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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