Les illusions d’optique: une simple curiosité?

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Publié 16/08/2011 par Gabriel Racle

Des illusions, nous en avons tous connu, nous en connaissons tous et nous en connaîtrons tous. Mais qu’en est-il de celles que nous procurent nos sens abusés? Mettent-elles en doute ce que nous touchons, ce que nous entendons, ce que nous voyons?

Nos perceptions sensitives n’ont pas toutes la même valeur, pour nous et pour les autres. On peut induire de fausses perceptions du toucher, par exemple en croisant le majeur et l’index, et en plaçant une bille entre leurs extrémités. Ce que l’on entend peut être sujet à caution, car il existe des illusions auditives. Et un témoignage basé simplement sur «j’ai entendu» n’a pas grande valeur.

Mais s’il est corroboré par «j’ai vu», tout change. La vision est un sens noble, qui se place au sommet de la hiérarchie de la crédibilité.

Et pourtant, lorsque l’on y «regarde» de plus près, cette hiérarchie se trouve mise en doute. Une simple expérience l’a montré depuis longtemps: ce qui est plus petit semble plus lourd que ce qui est gros, à poids égal.

Cette petite expérience révèle quelque chose d’intéressant: le poids d’un objet peut ne pas dépendre uniquement de l’effort musculaire, mais aussi de l’intervention de l’œil et du jugement qu’il porte sur le poids de l’objet. Il s’agit d’une illusion d’optique. L’œil se trompe-t-il?

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L’illusion d’optique

En fait, les illusions d’optique qui peuvent être amusantes ne sont pas uniquement une source d’erreurs, même si celles-ci existent, elles sont un mode de connaissance et de compréhension de la façon dont fonctionne notre sens de la vision.

C’est le naturaliste suisse Necker qui a donné la première description scientifique d’une illusion d’optique, en 1832, dans une lettre au physicien David Brewster. Il parlait du dessin d’un cube qui change d’aspect, selon la façon dont on le regarde.

C’est l’illusion connue maintenant comme Le cube de Necker, un cube transparent dont on voit la face grise en avant ou en arrière, selon l’attention qu’on lui porte. Cette inversion montre bien que ce n’est pas au niveau de l’œil, mais à celui du cerveau que ce changement se produit.

Le cerveau

Car le «coupable», c’est avant tout, mais pas toujours uniquement, notre cerveau. L’image qui se forme grâce à notre système de vision qu’est l’œil est transmise au cerveau, qui nous donne une représentation de ce que nous voyons.

Et c’est là que des erreurs d’interprétation peuvent se produire, interprétations qui sont faites en fonction de nos expériences passées. Ce qui est une illusion est une mauvaise interprétation de la réalité.Comme l’indiquait l’Exposition Cerveau:

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«Quand il y a ambiguïté dans l’image regardée, le cerveau rapporte les points caractéristiques à un objet simple, probable et connu. Si l’ambiguïté est très forte, nous oscillerons entre deux perceptions, et nous verrons en alternance une image ou une autre, sans opter pour l’une des deux interprétations puisque les deux sont possibles.» C’est le cas du cube de Necker que l’on peut voir d’une façon ou d’une autre.

Illusion artistique

Les artistes ont, bien entendu, exploité les illusions d’optique dans des effets de perspectives, d’ombre, d’associations.

Un grand spécialiste du genre est l’artiste néerlandais Maurits Cornelis Escher (1898 -1972), dont les réalisations ont connu un grand retentissement dans le monde. Il utilise ce qu’on appelle la perspective paradoxale pour produire une construction qui a l’air réaliste, mais qui en fait est impossible.

Un bel exemple est Le belvédère, reproduit ici comme illustration. Un simple coup d’œil nous donne l’image d’un édifice comme il peut en exister quelque part. Notre cerveau s’en satisfait. Mais si on analyse cet ensemble, on découvre toute la «tricherie» dont a fait preuve l’artiste.

Deux personnes à deux étages qui semblent parallèles regardent pourtant dans deux directions opposées. L’échelle est à la fois en dehors (en haut) de l’édifice et en dedans (en bas).

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Les colonnes qui supportent l’étage supérieur sont sur le même plan. Et surtout, la base est un parallélépipède qui supporte une construction dont les étages paraissent perpendiculaires l’un à l’autre. Cette architecture est donc impossible, mais elle nous illusionne.

Civilisation de l’illusion

Les illusions ne sont pas qu’une distraction. Elles sont aussi utiles. Nombre d’animaux se protègent avec des illusions qui leurrent des prédateurs: ocelles des papillons qui ressemblent à des yeux, camouflage comme les rayures des zèbres qui cassent leurs formes, phasme qui ressemble à une brindille

Mais nous sommes nous-mêmes illusionnés. Lorsque les éléments perçus se déplacent rapidement, les images se superposent sur la rétine, créant une impression de changement.

Le cinéma et la télévision restituent les gestes et les déplacements grâce à cette permanence des images visuelles. Le message visuel étant de plus en plus l’élément principal de la communication ne peut donc que nous illusionner davantage.

Ouvrez ophtasurf.free.fr/illusions.htm, il vous en mettra plein la vue.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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