Autant il convient d’admirer les pages moins connues des répertoires baroque et classique que Tafelmusik dépoussière avec intelligence depuis 27 ans (sans parler de leurs nombreuses initiatives de dialogue transculturel), autant il paraît évident que c’est par le truchement de références plus familières que l’orchestre torontois se donne les moyens d’imposer son grand art auprès du plus grand nombre.
Sous la direction de Bruno Weil, Tafelmusik nous livrait l’an dernier de rafraîchissantes lectures des 5e et 6e symphonies de Beethoven (qui se sont valu un prix Juno), nous rappelant que la puissance, dans ce répertoire, n’est pas toujours fonction de l’artillerie déployée.
Et si le monde n’attendait pas fébrilement une nouvelle incursion dans le monde symphonique de Mozart, il fait admettre que Mozart: Symphonies Nos 40 and 41 (Analekta) met en évidence les principales vertus de Tafelmusik: transparence et tonus, et une absence totale de cette rugosité qui peut sembler abrasive aux oreilles habituées à la palette plus veloutée des orchestres coulés dans le moule du XIXe siècle.
En ce sens, l’ensemble se compare avantageusement au plus célèbre Academy of Ancient Music, qui avait pourtant occupé le créneau mozartien en signant une intégrale de ses symphonies.
Dans l’intimité de Brahms
On a décrit Marc-André Hamelin comme «le plus aventureux et probablement le plus courageux des pianistes d’aujourd’hui», pour sa façon de mettre son talent incommensurable au service de compositeurs qui, sans être toujours difficiles d’accès, ne peuvent pas non plus être qualifiés de «grand public».