Les grandes plantations de la Nouvelle-Orléans

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Publié 03/02/2015 par Aurélie Resch

Connue pour ses accords de jazz, sa joie de vivre et ses bayous, la Nouvelle-Orléans attire aussi le visiteur avec ses plantations qui s’étirent majestueusement sur les rives du fleuve Mississippi. Symboles de richesse économique et de férocité sans précédent, les plantations de la Nouvelle-Orléans plongent le voyageur dans un passé à la fois romanesque et terrible.

Les plantations regroupent sous ce nom, la terre cultivée et le domaine composé de l’habitation des maîtres et des logements pour les esclaves. Elles se sont développées sur les rives du Mississippi en raison de la fertilité et de l’abondance des terrains, et de la facilité du transport des marchandises que favorise le fleuve.

La culture du coton et de la cane, principalement, ont enrichi les propriétaires et permis la construction de superbes demeures rivalisant de luxe et d’élégance, contrastant outrageusement avec les baraques bâties pour les esclaves.

Parmi les plus célèbres, la Oak Valley Plantation vaut le détour. Élégante, imposante, la grande dame attend le voyageur au bout de son immense allée de chênes centenaires.

Une promenade ombragée des plus agréables pour découvrir La grande dame du fleuve. Symbole de l’âge d’or du vieux Sud, la Oak Alley Plantation a vu le jour en 1700 grâce à un colon français qui construisit une petite cabane et planta une trentaine d’arbres sur son terrain.

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En 1839, la plantation connaît son apogée avec plus de 450 hectares, la culture de la cane à sucre et une bâtisse splendide à colonnades, aux pièces démesurées qui offraient une retraite agréable pour la famille qui préférait fuir quelque temps la chaleur de la Nouvelle-Orléans.

De nombreuses rénovations permettent aujourd’hui une visite de cette authentique dame du passé. On peut admirer l’architecture aux lignes impeccables, la beauté des chambres, apprécier la grandeur des pièces, le système de ventilation et se replonger dans le luxe de toute une époque.

La découverte de la bâtisse se complète avec un tour du parc qui permet au visiteur de remonter le temps et de s’immerger pour quelques heures dans le fabuleux décor d’Entretien avec un Vampire. Difficile de ne pas imaginer des dames en crinoline et des hommes en habits sur les pelouses et sous la voûte que forment les chênes.

La vie créole

La Laura Plantation, plus modeste mais certainement, aussi sinon plus, authentique que la Oak Alley, mérite un arrêt. Elle retrace 200 ans d’histoire de la vie créole en Louisiane.

À l’opposé des demeures néo-classiques britanniques, La Laura Plantation affiche une architecture créole en bois, de couleurs vives, avec de larges portes et une galerie faisant face au Mississippi.

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Une émouvante visite nous conduit pas à pas sur les grands moments de vie de la lignée Locoul qui représente plus d’un siècle de présence créole à la Nouvelle-Orléans et met en avant le personnage coloré de Laura Locoul, femme forte et influente qui vécut 102 ans et dirigea la plantation d’une main de fer.

D’autres plantations offrent une remontée dans le temps aux voyageurs véhiculés: La Destrehan Plantation, la San Francisco Plantation House, la Nottoway Plantation…sans toutefois atteindre la beauté et l’authenticité des deux premières.

Douloureux souvenirs

Passé le charme de ces somptueuses demeures bordées d’arbres centenaires et de ces parcs immenses, l’horreur de l’esclavagisme prend toute sa mesure durant la visite.

On y découvre les conditions pitoyables de vie de ces ouvriers du coton et de la cane à sucre. Entassés dans des petites baraques précaires et insalubres, loin de la maison des maîtres, ils cultivaient de maigres récoltes pour se nourrir.

L’étendue des plantations démontre l’ampleur de leur travail aux champs et la chaleur humide omniprésente donne une idée de la dureté de la tâche quotidienne accomplie en plein soleil pendant des heures.

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Certains tours guidés (sur la Laura Plantation en particulier) n’évitent pas le sujet «tabou» du rapport maître à esclave, et abondent en descriptions et anecdotes pénibles de la traite et des abus des esclaves: Soumissions, coups, fouet, tortures, viols, humiliations, privation de sommeil, d’eau, de nourriture, meurtres: le cahier des charges est lourd et vient ternir cette image romantique de vie prospère et langoureuse à la campagne.

Tandis qu’on arpente les terres ou qu’on entre dans «le quartier des esclaves» des grandes plantations, nous reviennent les images insoutenables du film de Steve McQueen, 12 years a slave. L’horreur prend alors toute sa mesure. Le labeur et la misère des uns faisant la richesse des autres et contribuant au rayonnement de la région.

Les plantations de la Nouvelle-Orléans révèlent un pan d’histoire de l’Amérique qui marque toujours leur société aujourd’hui. Devoir de mémoire, curiosité d’historiens, pèlerinage d’artistes ou des amoureux de l’architecture, la découverte de ces propriétés sur les bords du Mississippi ne laisse certainement pas indifférent.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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