Les géants américains en perte de vitesse

Diminution de la production, fermeture d’usines, mises à pied, fin des locations à court terme et à faible taux d’intérêt, les trois grands constructeurs américains, GM, Ford et Chrysler prennent les grands moyens afin de pallier au plus urgent : freiner l’érosion de leurs parts de marché et diminuer les pertes colossales qu’elles ont subies.

Plusieurs facteurs peuvent être considérés comme responsables de cette situation. Premièrement, la stratégie de ces constructeurs était principalement basée sur la vente très lucrative de véhicules utilitaires sports et camionettes voraces en carburant.

Ensuite, la hausse sensible du prix de l’essence a augmenté de façon nette le coût d’opération des voitures et engendré un changement dans les habitudes d’achat des consommateurs qui demandent maintenant des véhicules plus économiques en carburant.

Par ailleurs, les locations à court terme ont refilé sur le marché une quantité impressionnante de ces véhicules qui ne sont plus à la mode et que les constructeurs ne peuvent se défaire qu’en encaissant une lourde perte.

Enfin, les problèmes de crédit et du marché hypothécaire chez nos voisins du sud ont diminué le budget qu’ils pouvaient allouer à l’achat et à l’utilisation d’un véhicule automobile.

General Motors

Les conséquences de ces changements rapides dans les habitudes des consommateurs se sont rapidement faites sentir. Ainsi, le marché automobile américain est en baisse de 10% depuis le début de l’année 2008 par rapport à l’année précédente. Pire encore, celles de GM sont en baisse de 16% depuis le début de l’année.

Un véhicule sur deux vendu par GM est un camion ou une camionnette et les ventes se sont littéralement effondrées. La santé des ventes des modèles comme la Cobalt et la Malibu limitent l’hémorragie. La production a également été ralentie par la grève des fournisseurs de composantes au début de l’année.

De plus, General Motors a laissé savoir qu’elle comptait mettre à pied environ 5 000 personnes d’ici la fin 2008. Elle va aussi cesser la production des camionnettes pleine grandeur à l’usine d’Oshawa pour la fin 2009. Tout cela fait partie d’un plan de l’entreprise visant à diminuer la production d’environ 300 000 unités et de conserver des liquidités. Même l’emblématique marque Hummer est à vendre.

Ford

Quant à la compagnie Ford, elle a vu son best-seller, la camionnette série F, qui était en tête des ventes aux États-Unis depuis des lustres, se faire dépasser au classement des ventes. Le constructeur a immédiatement entammé un immense plan de restructuration visant à adapter rapidement sa gamme à la nouvelle réalité du marché.

Ce plan implique d’adapter plusieurs usines fabriquant des camionnettes et des véhicules utilitaires sport à la fabrication de voitures économiques afin que celles-ci soient disponibles pour la vente en Amérique du Nord à l’horizon 2010. La conception de ces véhicules sera l’œuvre des filiales européennes de la compagnie. N’empêche que la perte de 8,7 milliards de dollars encaissée par l’entreprise lors du dernier trimestre fait écarquiller les yeux, bien qu’elle implique majoritairement l’inclusion de pertes pour la dévaluation d’actifs.

Chrysler

En ce qui concerne Chrysler, la firme d’investissement Cerberus Capital Management qui en détient environ 80% des parts tente de solutionner plusieurs problèmes. Premièrement, elle négocie avec le constructeur européen Fiat pour lui fournir des unités de production en Amérique en vue d’un éventuel retour.

Ensuite, ils cherchent un partenaire afin de distribuer les fameuses Jeep en Inde. Enfin, ils ont depuis longtemps annoncé la fin de la production de nombreux modèles de la gamme, dont la Magnum et lePT Cruiser cabriolet, afin de rationnaliser les coûts.

Ce constat semble sévère et les efforts ne manquent pas chez les constructeurs automobiles pour sortir de cette impasse, mais seul l’avenir nous dira lesquels d’entre eux sortiront en meilleure position de cette tempête qui souffle en ce moment dans les environs de Détroit.

Par contre, il est important de mentionner que tout ne tourne pas nécessairement rond chez les constructeurs asiatiques. Plusieurs d’entre eux, notamment Toyota et Nissan, ont effectué des mises à pied dans leurs usines fabriquant des camions.