Le budget fédéral du 27 janvier contenait une surprise tout à fait inattendue; un fonds de 25 millions $ pour financer la création des Prix du Canada en arts et créativité. Il s’agit de prix internationaux pour des artistes émergents dans le domaine de la musique, du théâtre, de la danse et des arts visuels. Des jurys prestigieux choisiront les lauréats et le tout aura le genre de profil et de visibilité internationale qu’on associe aux Prix Nobel.
Le spectacle de la remise des prix aura lieu à Toronto annuellement. L’organisation des prix sera le fruit d’une société à but non lucratif autonome mais associée au Festival Luminato de Toronto. Depuis 2 ans, Luminato présente une série d’événements et de spectacles artistiques accompagnée d’un blitz publicitaire digne de Hollywood. Plus d’un million de spectateurs y participent.
Consternation. Le projet des Prix suscite beaucoup de critiques. Encore de la controverse. Jour après jour, les milieux culturels expriment leur désarroi devant le projet. Les critiques les plus explicites viennent du Québec. Au Canada anglais, les réactions sont plus mitigées. Certains voient un nouvel exemple de Québécois insatisfaits. Peter Oundjian, le chef bien-aimé de l’Orchestre Symphonique de Toronto, se prononce: «Je ne peux pas imaginer un autre pays où une telle annonce serait accueillie de façon si négative.»
Pour se réconcilier avec les milieux culturels
C’était une belle intention de rassurer les inquiets et les critiques en investissant des sommes importantes dans le domaine de la culture. Le budget devait répondre à des considérations non seulement économiques mais politiques. Il devait repositionner l’équipe Harper dans l’esprit des Canadiens.
Quant au dossier de la culture, le nouveau ministre du Patrimoine, James Moore, avait montré charme, ouverture et une grande qualité d’écoute au cours de multiples rencontres avec divers intervenants du monde artistique à travers le pays. Depuis la nomination de ce jeunot (33 ans), le gouvernement semblait vouloir tourner la page et rétablir une relation de confiance avec la communauté artistique qui avait si mal accueilli sa décision d’annuler les programmes de tournées d’artistes canadiens à l’étranger.