À l’approche de la décriminalisation du cannabis en 2018, des questions demeurent sur les régimes de distribution dans les provinces. Le réseau officiel répondra-t-il adéquatement à la demande? Il demeure évident que le marché noir exploitera les failles. Voici l’expérience de «Jimmy Valentine».
Il dit qu’il a déménagé plusieurs fois. Il ne veut pas publier son nom. Il propose lui-même un pseudonyme. «Encore aujourd’hui, 20 ans après, je suis pas certain si je verrai pas une voiture arriver tout à coup. Quand ils se sont fait prendre, j’ai été menacé.»
«Ils», ce sont les chefs d’une organisation criminelle. «Il y avait des gros politiciens dans la gang, des Québécois.» Lui, c’est un boomer qui vit sur une ferme dans le Nord-Ouest de l’Ontario. Dessinateur en bâtiment, fermier et grand débrouillard.
«J’ai été approché comme consultant par quelqu’un qui me connaissait de réputation. Ils savaient que j’avais une expérience très variée en construction. Ils étaient très professionnels, habillés comme des banquiers; tu vois qu’ils ont de l’argent. Ça a l’air du bon monde au début, mais c’est pas mal hardcore quand ça va mal.»
L’organisation transformait des porcheries abandonnées en grow-ops, mais n’avait pas l’expertise pour installer les systèmes d’électricité et de plomberie. Jimmy avait compris ce qui se tramait et accepté le travail à condition de ne jamais être mis en présence de produits illégaux.