Pour la troisième année consécutive, le Prix littéraire international Altern’Art a été remis dans le cadre du Festival gai de Québec, le 15 mai dernier. Il a couronné Un homme aux Dieux, premier roman de Claude Lavoie. Sous-titré «L’odyssée d’un gay luron», cet ouvrage présente un mélange d’humour absurde et de délires sur fond de mythologie grecque et d’histoires coquines.
Le concours pour le Prix littéraire international Altern’Art s’adresse à tout auteur de la francophonie dont l’œuvre se démarque «par la pertinence du sujet, l’intelligence du traitement, la qualité de l’écriture et l’effet pressenti sur le lectorat». Les manuscrits soumis doivent avoir pris en compte de façon importante «certains aspects de la diversité sexuelle». Les précédents lauréats ont été Sylvain Larocque, de Montréal, pour Mariage gai (2006) et Francis Leplay, de Paris, pour Après le spectacle (2007).
Publié aux Éditions Point de fuite (Montréal), Un homme aux Dieux a tous les attributs autobiographiques puisque l’auteur nous invite «à partager ses névroses». Nous le suivons dans sa quête éperdue de l’autre, de l’amour et, surtout, dans sa recherche de la liberté première, celle de l’expression de soi.
Le roman se présente comme est road book qui aurait troqué les routes mythiques de James Dean ou de Jack Kerouac, pour les chemins tortueux de l’Olympe et ses méandres mythologiques, peuplés de dieux peu vertueux mais bien membrés. De Pâris à Priape, de Dionysos à Héraclès, le narrateur nous fait suivre son fil d’Ariane et nous fait plonger dans un labyrinthe déroutant où rêve et réalité, mythes et conscience, se mêlent et s’entremêlent devant nous, gais voyeurs.
Un homme aux Dieux est le premier roman de Claude Lavoie qui a choisi de dire et décrire la chosette sans jamais mâcher ses mots. Pour paraphraser Bossuet, on peut affirmer que tout ce qui enfle naturellement explose suavement et les mots pour le dire éjaculent gaiement. Je choisis une citation parmi plusieurs pour illustrer cet adage. Le narrateur, qui n’a pas encore terminé son école primaire, ne rêve que d’une chose: «Pâris m’empoignant virilement et m’amenant sur une île déserte […] pour planter sa flèche empoisonnée dans mon sol fertile en émotions. J’imaginais son drapeau en train de flotter au bout de mon mât, ses jambes foulant ma terre sainte, ses muscles de silicone étendus sur ma dune invitante…»