La recherche génétique se concentre sur des personnes de descendance occidentale. Une situation que des chercheurs dénoncent dans un récent article de la revue Nature. Selon eux, si rien n’est fait pour corriger la situation, plusieurs populations seront privées des bienfaits de la médecine génétique.
Lorsqu’une variation génétique est plus présente chez les personnes atteintes d’une maladie, comme l’Alzheimer ou le diabète, que chez celles qui n’en souffrent pas, les chercheurs en déduisent qu’il y a une association entre le gène et l’affection. Or, la quasi-totalité (96 %) des personnes examinées dans le cadre d’études dites «d’association génétique», sont de descendance occidentale.
«Il se fait très peu d’études génétiques à l’extérieur de l’Occident, même si la Chine commence à en faire davantage», explique l’auteur principal de l’article, Carlos Bustamante, chercheur en génétique à l’Université Stanford, en Californie. «Les rares études qui y sont menées ont des échantillons très restreints.»
Or, les résultats varient d’une population à l’autre. Un gène associé à une maladie se présentera avec plus ou moins de fréquence, voire sera carrément absent, selon l’origine ethnique. Résultat : un traitement élaboré sur des Occidentaux ne fonctionnera pas nécessairement auprès d’Africains ou d’Asiatiques.
Bioéthicienne à l’Université de Montréal, Béatrice Godard s’est dite peu surprise de ce déséquilibre, mais tout de même assommée par son ampleur.
Elle rappelle qu’au début des années 2000, le principal bailleur de fonds de la recherche publique en santé aux États-Unis, le National Institutes of Health, demandait aux chercheurs de travailler avec des échantillons représentatifs de l’ensemble de la population.