Les étudiants négligent les secteurs à forte demande

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Publié 17/09/2013 par l-express.ca

Alors qu’en moyenne, les diplômés gagnent plus, près de la moitié des nouveaux diplômés sont dans des domaines générant des revenus moins importants.

Au Canada, faire des études postsecondaires demeure la meilleure façon d’obtenir un emploi de qualité bien rémunéré. Mais cet écart positif tend à diminuer, trop peu d’étudiants obtenant un diplôme dans les secteurs à forte demande sur le marché du travail, indique un nouveau rapport de Marchés mondiaux de la banque CIBC.

«Avoir fait des études supérieures est peut-être un prérequis pour obtenir un bon emploi au Canada, mais cela ne suffit plus», estime Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la banque CIBC, et coauteur du rapport avec Emanuella Enenajor, économiste. «En moyenne, le Canada enregistre une offre excédentaire de diplômés postsecondaires.»

«Et, en dépit des preuves écrasantes voulant que le domaine d’études choisi influence directement la situation professionnelle, les étudiants d’aujourd’hui ne se sont pas autant dirigés vers des domaines plus lucratifs que le dicterait la réalité changeante du marché du travail», continuent les experts.

Le rapport de la banque CIBC indique que la proportion d’adultes canadiens titulaires d’un diplôme postsecondaire est la plus élevée de tous les pays de l’OCDE et que le coût de ces études représente environ le double de la moyenne de ces pays.

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Cependant, de plus en plus de ces diplômés tirent de l’arrière au chapitre des revenus. En effet, les diplômés universitaires canadiens qui gagnent moins que la moitié du revenu médian national sont les plus nombreux de tous les pays de l’OCDE.

Médecine, droit et génie

Selon les économistes, cette situation est largement due aux programmes dans lesquels les Canadiens ont choisi d’étudier. Ils ont examiné divers rapports ayant pour but de calculer un « rendements de investissement » (comme un retour sur investissement) associé aux études.

«En tenant compte de l’ensemble des domaines, les meilleurs rendements de l’investissement sont associés aux secteurs spécialisés comme la médecine, le droit et le génie», affirme M. Tal. «L’examen de l’écart des revenus d’un domaine à l’autre montre que les étudiants en lettres et sciences humaines et en sciences sociales courent un risque beaucoup plus grand de se retrouver d’avoir des revenus moins importants.»

Ces secteurs moins lucratifs englobent près de la moitié de tous les étudiants récemment diplômés. Autrement dit, les étudiants canadiens continuent à se diriger vers des domaines dont les perspectives de revenus sont plus faibles une fois leur diplôme en poche.

M. Tal ajoute que ce constat sur les différents champs d’études n’est un secret pour personne. «La plupart des Canadiens savent qu’en moyenne, un diplôme en ingénierie rapportera davantage qu’un diplôme en histoire médiévale. L’écart positif lié au domaine d’études n’est pas un phénomène propre au Canada – il a été observé aux États-Unis, en Suède et dans d’autres pays industrialisés. Toutefois, il semble bien que, même en sachant tout cela, les étudiants n’aient pas pris les décisions les plus rentables. À l’exception du commerce, depuis 10 ans, nous n’avons pas observé d’afflux important d’étudiants vers des programmes offrant des débouchés plus payants.»

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En conséquence, le taux de chômage des diplômés universitaires n’est que de 1,7 point de moins que celui des étudiants qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires – écart qui était bien plus marqué dans les années 1990. L’écart positif que confèrent les études universitaires par rapport aux études collégiales s’est également réduit. Alors qu’une maîtrise ou un doctorat indique des compétences plus spécialisées que celles associées à un baccalauréat, ce fait est à peine perceptible dans les statistiques de chômage.

Globalement, les études supérieures se traduisent encore par de meilleurs salaires – un baccalauréat vous permettant d’obtenir des revenus de 30 % supérieurs à ceux des diplômés du secondaire, auxquels s’ajouteront 15 % si vous détenez une maîtrise ou un doctorat. Mais cette réalité tend à changer.

Immigrants moins rémunérés

La même tendance se dégage quand on mesure la qualité de l’emploi et les emplois à temps partiel. La proportion de travailleurs à temps partiel chez les universitaires canadiens est passée de 10 % dans les années 1990 à 13,5% aujourd’hui — l’écart les séparant des diplômés du secondaire se rétrécissant.

«Les étudiants qui déboursent des milliers de dollars pour faire des études supérieures peuvent considérer un diplôme universitaire comme un investissement comportant des frais initiaux et une série d’avantages futurs», affirme M. Tal. «Étant donné qu’environ la moitié des étudiants au baccalauréat doivent s’endetter pour obtenir leur diplôme, une partie importante de la population arrive sur le marché du travail avec une santé financière hypothéquée.»

Il estime qu’il est crucial pour l’économie canadienne que davantage d’étudiants obtiennent des diplômes dans les secteurs économiques porteurs. «L’amélioration des taux de participation dans ces domaines nécessitera sans doute des efforts axés sur la mise au point d’un système d’infrastructure de l’information visant à cerner les nouvelles tendances liées aux besoins du marché du travail. De même, un accès amélioré et équitable à une éducation de qualité, une augmentation des ressources, un système plus efficace et des investissements privés accrus pourraient également améliorer les choses.»

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Au sujet des immigrants, M. Tal explique qu’il faut prévoir un processus de reconnaissance des titres de compétences beaucoup plus simple et efficace, ainsi qu‘un meilleur accès à la formation linguistique. Il faut mettre en place une information plus précise destinée aux éventuels immigrants en ce qui concerne les compétences recherchées sur le marché du travail. Aujourd’hui, plus de 50 % des diplômés formés à l’extérieur du Canada gagnent moins que le revenu médian.

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