Les Égyptiennes en révolte contre la multiplication des agressions sexuelles

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Publié 14/02/2013 par Brian Rohan (The Associated Press)

à 19h11 HNE, le 13 février 2013.

LE CAIRE, Égypte – Les Égyptiennes sont de plus en plus en colère alors qu’elles doivent composer avec une conséquence inattendue du printemps arabe: la multiplication des cas d’agressions sexuelles et l’incapacité des autorités à mettre fin à ce fléau.

Leur révolte est alimentée par les commentaires des islamistes, qui ont laissé entendre que les femmes allaient au devant des attaques en participant à des manifestations antigouvernementales mixtes.

Lors de récents rassemblements contre le harcèlement sexuel au Caire, les participantes ont brandi des couteaux de cuisine. Sur les murs des édifices sont apparus des dessins de femmes combattant des hommes avec des sabres ainsi que des affiches menaçant de couper les mains des agresseurs. Certaines femmes ont également commencé à suivre des cours d’autodéfense.

Cette dénonciation des agressions contre les femmes survient alors que le pays traverse une période trouble. Même si la dernière vague de protestations contre le président Mohammed Morsi s’est calmée durant les derniers jours, les manifestations ont gagné en violence.

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Une minorité de contestataires a promis de renverser le gouvernement et la répression a été sanglante. Environ 70 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre depuis le 25 janvier, deuxième anniversaire du soulèvement populaire ayant causé la chute de l’ancien président Hosni Moubarak.

Le harcèlement n’est pas un problème nouveau au sein de la très patriarcale société égyptienne et les attaques contre les manifestantes ont eu lieu sous la présidence de M. Morsi, qui a été élu démocratiquement, comme sous la direction du conseil militaire qui l’a précédé à la tête du pays et sous le règne de Moubarak, qui a dirigé l’Égypte pendant près de 30 ans.

Ce qui est nouveau, c’est la nature de plus en plus sexuelle des assauts. Les agressions sexuelles contre les femmes durant les rassemblements ont augmenté et sont devenues de plus en plus violentes au cours de la dernière année, atteignant un point culminant lors du second anniversaire du soulèvement.

Ce jour-là, les militants ont rapporté plus d’une vingtaine d’attaques contre des manifestantes sur la place Tahrir et dans ses environs, dont le viol d’une jeune femme de 19 ans. Les Nations Unies ont répondu à cette nouvelle en exhortant le gouvernement égyptien à prendre les mesures nécessaires.

Selon les militantes, les agressions sont organisées par des opposants aux contestataires qui veulent rendre les manifestations moins représentatives en obligeant les femmes à se retirer. Jusqu’à présent, aucun groupe précis n’a été accusé.

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Les islamistes ont saisi l’occasion pour proposer leur propre solution au problème: regrouper les protestataires de sexe féminin dans des zones spécifiques désignées d’avance.

Lundi, des membres du comité de défense des droits humains de l’Assemblée législative égyptienne, largement dominée par les islamistes, ont critiqué les femmes qui manifestent aux côtés des hommes dans des endroits jugés comme non sécuritaires.

Demandant l’adoption d’une nouvelle loi pour encadrer les manifestations et faciliter le travail des policiers, l’un d’eux a déclaré que les femmes ne devraient pas prendre part aux rassemblements.

«Parfois, la fille violée est pleinement responsable de ce qui lui est arrivé parce que c’est elle qui s’est mise dans cette situation», a affirmé le parlementaire Adel Afify, dont les propos ont été relayés par plusieurs journaux égyptiens.

Ces commentaires faisaient suite à une vidéo mise en ligne la semaine dernière dans laquelle le leader religieux Mohammed Abdoullah soutient que les manifestantes sont des «croisées» et des «démons» qui vont «être violées».

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Furieux, les groupes de défense des droits des femmes ont répliqué en tenant des manifestations en Égypte et ailleurs dans le monde mardi.

Le même jour, le secrétaire d’État adjoint à la démocratie, aux droits humains et au travail des États-Unis, Michael Posner, a dénoncé l’incapacité du système judiciaire égyptien à identifier et juger les auteurs de ces agressions.

Lors de rencontres avec les représentants de l’Égypte, dont les ministres des Affaires étrangères et de la Justice, M. Posner a fait part des craintes de Washington, qui s’inquiète du fait que les droits des femmes ne font pas partie des priorités du gouvernement égyptien au même titre que la transparence, l’État de droit et le développement de la société civile.

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