Francine est en R&R (Rest and Relaxation) à Bali durant cinq jours. Elle est crevée, elle n’en peut plus physiquement ni émotionnellement. Sa mission avec CARE en Indonésie s’avère exigeante et difficile. Surtout depuis le terrible tsunami qui a frappé Banda Aceh il y a six semaines, le 26 décembre 2004, suivi de l’arrivée de William, le nouveau coordonnateur des opérations de secours d’urgence.
Un Américain coincé, selon Francine, qui gère tel un dictateur misogyne. Basée à Jakarta avec de fréquents déplacements à Banda Aceh, Francine est responsable de gérer le personnel international œuvrant en Indonésie au nom de CARE. William ne lui accorde aucune attention, croit-elle, faisant fi de toutes ses propositions en vue d’améliorer les conditions de travail des expatriés affectés à Banda Aceh.
La situation sur le terrain reste précaire. On dort sous la tente sous une chaleur torride. On prend sa douche matinale avec une petite chaudière d’eau derrière un abri de fortune. Les latrines puent, attirant mouches et autres insectes de toutes sortes. La terre continue de trembler quelques instants chaque jour. Il faut rationner l’eau potable. Le moral des troupes est au plus bas.
Une grande confusion règne parmi les nombreuses ONG qui se sont rapidement précipitées sur les lieux. On n’arrive pas à coordonner l’action d’urgence de façon équitable entre acteurs locaux et internationaux, au détriment des victimes du désastre. Les habitants de Banda Aceh errent sur le site ravagé, à la recherche insensée de ceux qu’ils ont perdus, kidnappés par la mer.
Depuis son dernier retour de Banda Aceh, Francine illustrait un comportement instable, trop émotionnel, selon William. Il lui a ordonné de partir se reposer quelques jours à Bali. Dans les situations d’extrêmes urgences, les expatriés ont régulièrement droit au R&R. Allongée sur une plage de l’île au charme paradisiaque, la jeune femme revit mentalement les trois dernières années de sa vie.