En octobre 1805, les forces navales britanniques mirent fin aux ambitions de l’empereur Napoléon Bonaparte de conquérir le Royaume-Uni. Les historiens s’accordent pour dire que la bataille de Trafalgar a renforcé un sentiment de supériorité chez les Britanniques persuadés d’être les maîtres incontestés des combats en mer.
Au Canada, le descendant anglo-saxon a hérité de ce complexe qui est à l’origine de l’ignorance des anglophones à l’endroit des francophones. Il est convaincu de sa supériorité linguistique et il croit qu’il est le maître des lieux. Cette thèse est celle de Victor Boudreau, un psychothérapeute originaire du Nord de l’Ontario qui a ouvert un cabinet à Toronto, dans le dernier roman de Didier Leclair, Le complexe de Trafalgar.
Selon l’écrivain torontois, certains diraient que le constat de son personnage «est illustré de nos jours par la nomination de juges unilingues anglais à la Cour suprême du Canada et celle d’un vérificateur général fédéral ne parlant pas français».
La littérature franco-ontarienne ne s’aventure pas souvent sur le terrain des droits linguistiques. Didier Leclair fait exception en présentant des dialogues illustrant qu’il est fin observateur politique.
Rencontrant Boudreau lors d’une réception, une anglophone s’empresse d’affirmer que sa fille apprend le français. Puis, elle confie que ce choix n’est pas volontaire, que le cours de français est obligatoire et que sa fille aurait bien voulu s’en passer, car «tout le monde n’est pas doué pour les langues étrangères».
Ce à quoi le psy répond: «Madame, je ne dirais pas que le français est une langue étrangère au Canada, quand bien même votre fille est étrangère à cette langue»…