Les conseils scolaires publics se disent défavorisés

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Publié 03/10/2006 par Yann Buxeda

Le système d’éducation public en français en Ontario est-il défavorisé par rapport à ses concurrents? C’est une question sur laquelle l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) s’est penchée ces derniers mois, et qui a initié la publication, jeudi dernier, d’un mémoire d’une quarantaine de pages destiné à alerter le ministère de l’Éducation de l’Ontario sur la situation. Un recueil des disparités qui met en exergue plusieurs aspects essentiels de la préservation de la francophonie ontarienne en milieu scolaire.

Dans 88 régions de l’Ontario, le manque d’établissements éducatifs francophones publics pose problème. Comme le souligne Louise d’Amour, directrice du Conseil public du Grand Nord de l’Ontario, la situation est parfois ingérable pour les parents francophones désireux de préserver leur identité culturelle en milieu scolaire: «Dans le nord de la province, nous sommes parmi les moins mal lotis, mais des problèmes persistent. Nous avons dénombrés pas moins de 16 territoires où la demande en terme d’éducation francophone laïque ne peut être soutenue.»

Une situation alarmante, puisque dans le cas de parents francophones, de confession autre que le catholicisme, les solutions de remplacement sont plutôt minces. Pour des raisons évidentes de choix de culte, il serait difficile d’envisager pour des parents juifs ou musulmans d’envoyer leurs enfants dans une école catholique. Autre possibilité, les écoles d’immersion du conseil scolaire public anglophone. Un système souvent pointé du doigt car selon les établissements, la place acccordée au français n’est parfois que minime.

Face à cette voie sans issue, les organismes regrettent que la solution de l’enseignement en langue anglaise devienne par défaut le choix des parents, favorisant de fait l’assimilation.

«Le gouvernement de l’Ontario a une obligation constitutionnelle d’offrir à toute sa population le choix équivalent d’institutions scolaires à celui de la majorité linguistique. La situation actuelle force les parents qui ont le droit de faire instruire leurs enfants en français dans un contexte non religieux à les inscrire dans des institutions de langue anglaise, faute d’accès à des écoles publiques de langue française dans leur région», déplore à ce sujet Me Ronald Marion, président de l’ACÉPO.

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Plusieurs solutions avaient été avancées par les précédentes équipes ministérielles, notamment le partage d’édifices entre l’enseignement public et privé. Une solution qui, là aussi, est peu envisageable pour Louise d’Amour: «Nous avons tenté l’expérience, mais c’est difficilement viable. De plus, le problème est bien plus profond que cela, puisque l’offre est inférieure à la demande dans chacun des deux conseils scolaires francophones. Déplacer le problème d’un conseil à l’autre ne serait pas une solution.»

Selon les prévisions de l’ACÉPO, le nombre d’élèves inscrits dans les écoles publiques de langue française augmentera de 37,9% d’ici 2015, et l’organisme se targue de gérer le seul système qui connaît une croissance de ses effectifs scolaires. Au niveau territorial, le Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest (CSDCSO), qui comprend notamment la région du grand Toronto, est le plus mal loti, selon les chiffres avancés dans le mémoire.

Ainsi, l’on déplore le fait que 41 points névralgiques n’offrent pas le choix d’une éducation publique en langue française ou anglaise. Dix de ces lieux ne proposent ni école élémentaire, ni école secondaire, comme à Hamilton, Cambridge ou Whitby alors que, dans le même temps, une prévision d’effectifs fait état d’une hausse des inscriptions de plus de 30% sur dix ans.

Mais les revendications sont plus globales et, en mars 2006, l’ACÉPO avait déposé un dossier de financement concernant la construction prioritaire de neuf édifices à travers la province. Une demande qui n’a toujours pas provoqué le moindre écho de la part du ministère de l’Éducation.

Mais pour l’ensemble de la communauté éducative du service public francophone, l’espoir que ce mémoire modifiera la donne reste bien présent. Pour Louise d’Amour, la nomination de Kathleen Wynne au poste de ministre de l’Éducation représente un véritable défi à relever: «Mme Wynne a déjà connaissance de ces sujets et notre objectif sera de la sensibiliser à notre cause. Nous pouvons trouver des terrains d’entente.»

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Un défi qui bénéficie déjà d’un appui politique dans l’opposition, puisque Gilles Bisson, député NPD, s’était déplacé pour la présentation de ce mémoire, qu’il juge essentiel pour péréniser le statut du français dans la province: «L’éducation francophone publique doit être une alternative entre le linguistique et le religieux. C’est un combat essentiel. Lorsque l’on rencontre des parents qui se plaignent que la première école francophone publique soit à plus d’une heure et demi de bus, c’est qu’il y a un véritable problème.»

Un problème qui trouvera ou non son salut dans les prochaines semaines, puisque le ministère devrait se pencher sur l’étude de ce mémoire et décider si oui ou non il souhaitera y donner suite.

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