Le système d’éducation public en français en Ontario est-il défavorisé par rapport à ses concurrents? C’est une question sur laquelle l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) s’est penchée ces derniers mois, et qui a initié la publication, jeudi dernier, d’un mémoire d’une quarantaine de pages destiné à alerter le ministère de l’Éducation de l’Ontario sur la situation. Un recueil des disparités qui met en exergue plusieurs aspects essentiels de la préservation de la francophonie ontarienne en milieu scolaire.
Dans 88 régions de l’Ontario, le manque d’établissements éducatifs francophones publics pose problème. Comme le souligne Louise d’Amour, directrice du Conseil public du Grand Nord de l’Ontario, la situation est parfois ingérable pour les parents francophones désireux de préserver leur identité culturelle en milieu scolaire: «Dans le nord de la province, nous sommes parmi les moins mal lotis, mais des problèmes persistent. Nous avons dénombrés pas moins de 16 territoires où la demande en terme d’éducation francophone laïque ne peut être soutenue.»
Une situation alarmante, puisque dans le cas de parents francophones, de confession autre que le catholicisme, les solutions de remplacement sont plutôt minces. Pour des raisons évidentes de choix de culte, il serait difficile d’envisager pour des parents juifs ou musulmans d’envoyer leurs enfants dans une école catholique. Autre possibilité, les écoles d’immersion du conseil scolaire public anglophone. Un système souvent pointé du doigt car selon les établissements, la place acccordée au français n’est parfois que minime.
Face à cette voie sans issue, les organismes regrettent que la solution de l’enseignement en langue anglaise devienne par défaut le choix des parents, favorisant de fait l’assimilation.
«Le gouvernement de l’Ontario a une obligation constitutionnelle d’offrir à toute sa population le choix équivalent d’institutions scolaires à celui de la majorité linguistique. La situation actuelle force les parents qui ont le droit de faire instruire leurs enfants en français dans un contexte non religieux à les inscrire dans des institutions de langue anglaise, faute d’accès à des écoles publiques de langue française dans leur région», déplore à ce sujet Me Ronald Marion, président de l’ACÉPO.