Les confessions d’un homme miné

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Publié 30/03/2010 par Guillaume Garcia

Pierre DeLorimier est assis devant sa table de cuisine. Assis dans son fauteuil roulant. Il boit. Rescapé d’un accident minier qui a coûté la vie à son fils, l’homme regarde sa vie dans le rétroviseur et s’engage dans un long monologue où il nous raconte son existence, ses questionnements et sa rage. Traduction d’une pièce originale de Mansel Robinson, Slague l’histoire d’un mineur est jouée par Jean-Marc Dalpé, cofondateur du théâtre de la vieille 17 à Ottawa et personnage majeur du théâtre en Ontario français. Ce sera une première pour le TfT et le comédien, qui n’était jamais venu ici en 15 ans!

Les belles histoires commencent souvent par des anecdotes amusantes ou improbables. «Ma compagne avait lu le livre de Mansel avec les deux monologues Slag et Ghost Trains, elle m’a dit, tu devrais lire ça. Je me suis tout de suite dit que c’était le genre de projet que je devrais traduire», raconte Jean-Marc Dalpé, trois fois récipiendaire d’un prix du Gouverneur général

S’il ne connaissait pas Mansel Robinson avant 2004, Jean-Marc Dalpé s’est rattrapé depuis. Avant Slag, devenue Slague, l’histoire d’un mineur, il avait déjà traduit Ghost Trains, pour le Théâtre Triangle Vital, dans une mise en scène d’André Perrier.

Il admet avoir eu clairement un coup de foudre pour le personnage du mineur.

«Je voulais porter ce message», explique-t-il. Il a donc proposé le projet au Théâtre du Nouvel Ontario de Sudbury, précisément à sa directrice artistique Geneviève Pineault en lui précisant qu’il traduirait et jouerait la pièce.

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«C’est clairement une pièce pour le TNO, pour Sudbury. La pièce parle d’elle-même, Mansel vient du nord de l’Ontario et le personnage, le vécu, faisait que c’était vraiment naturel», indique Jean-Marc Dalpé.

La pièce met en scène un unique personnage qui pense à voix haute et raconte son accident dans la mine, le décès de son fils, qui vaut «une cent», valeur que perd l’action de la compagnie lorsqu’elle doit fermer pour sortir le corps. «Mais c’est plus les conséquences de l’accident sur sa vie que la pièce montre», relativise Jean-Marc Dalpé. «On voyage à travers sa colère».

La performance scénique a été appréciée à sa juste valeur par les critiques quand la pièce a été présentée sur les planches de différents théâtres.

Le comédien-traducteur livre là un niveau de jeu très rigoureux, lui qui doit tenir en haleine, pendant plus d’une heure, son public. Et le fait d’être scotché dans un fauteuil roulant n’arrange pas l’affaire, c’est la qualité de conteur qui est mise en avant, pas l’exploitation de l’espace.

Le contexte minier donne un cadre à la pièce de Mansel Robinson mais ne prend pas toute la place. «Le cœur du propos de la pièce est beaucoup plus universel. On parle de rapport père-fils, de colère, et de pouvoir de raconter pour passer à travers les émotions. C’est presque une rédemption», analyse le comédien vedette.

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Il avait lancé ce projet pour se faire plaisir, comme une petite sucrerie avec un café en terrasse au soleil, juste parce que «c’est plaisant», il récolte aujourd’hui les fruits de son travail et le succès qui va avec.

Jean-Marc Dalpé sera sur les planches du TfT avec Slague l’histoire d’un mineur du 7 au 11 avril.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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