Les Basques: inassimilables depuis l’Âge de fer

La génétique pourrait contribuer à examiner de plus près le caractère singulier des Basques et de leur langue.
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Publié 09/04/2019 par Maya Chebl

La génétique pourrait contribuer à examiner de plus près le caractère singulier des Basques et de leur langue.

Depuis longtemps, l’analyse des squelettes préhistoriques et l’histoire des langues lèvent le voile sur l’arbre généalogique des migrations.

Dans une étude publiée dans la revue Science le 15 mars, des chercheurs ont analysé des données du génome de 271 squelettes retrouvés dans la péninsule ibérique, l’extrémité sud-ouest de l’Europe qui correspond à l’Espagne et au Portugal.

Il y a 4000 ans

De l’époque mésolithique (-8000) à l’Âge du fer (-800), les populations ibériques subissent plusieurs brassages génétiques importants. Mais c’est à partir de -2000 que les chercheurs observent un réel tournant, par l’arrivée des peuples de l’Europe centrale.

«Les nouveaux arrivants ont eu un impact démographique majeur dans toute la péninsule», commente Iñigo Olalde, premier auteur de l’article.

Les populations ibériques se retrouvent alors dotées d’une grande diversité linguistique: on y parlait des langues indo-européennes (ancêtres du latin et du grec) et non-indo-européennes (comme le Basque et les autres langues ibériques).

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Conquête romaine

Avec la conquête romaine, la péninsule connaît un nouveau remaniement. Les langues non-indo-européennes disparaissent peu à peu, à l’exception de la langue basque.

C’est ce que tend à confirmer la génétique: «la population basque moderne est génétiquement similaire à la population vivant à l’Âge du Fer et n’a pas incorporé des gènes des 2000 dernières années, provenant des Romains et des musulmans de l’Afrique du Nord, comme les autres populations ibériques», soutient M Olalde.

Isolés dans les Pyrénées

Cette observation est confirmée par une autre étude, parue en février. Les nouveaux arrivants venus après l’Âge de fer «ont eu très peu d’influence sur les Basques, ce qui expliquerait qu’ils aient maintenu le signal génétique de l’Âge de fer et par le fait même, leur langue», poursuit-il.

Les gènes apportent donc des éléments de réponse quant à la préservation d’une langue, mais les facteurs historiques et géographiques ne sont pas à négliger: «la survie de la langue basque est attribuée à l’isolement que procurent les Pyrénées et les Picos Europeos à la région, et à l’emploi de cette langue par l’Église au Moyen âge», explique Brad Loewen, professeur en anthropologie à l’Université de Montréal.

Auteur

  • Maya Chebl

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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