Le Dr Sheldon Taylor, professeur d’histoire à l’Université York, est spécialisé dans les études afro-canadiennes. Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, il a mis en place une exposition sur son thème de prédilection: plus d’une cinquantaine d’objets et photos ayant appartenu aux premières familles afro-canadiennes seront exposés du 10 février au 2 mars au Centre des sciences de l’Ontario grâce à un partenariat avec Tourisme Toronto. En pleine préparation de l’exposition, l’historien a fait part à L’Express de son point de vue.
Arrivé en Ontario en 1966, à l’âge de 14 ans, en provenance de Saint Kitts, Sheldon Taylor a poursuivi des études universitaires en histoire à l’Université de Toronto où il a obtenu un doctorat.
«Avant mon arrivée, les discussions avec ma grand-mère avaient déjà déclenché en moi une certaine faim pour les faits historiques», explique-t-il, «ici, dans les années 1970, j’ai rencontré des gens venus des Caraïbes après la Première Guerre mondiale. À cette époque, on ne connaissait pas leur histoire, mais seulement celle des nouveaux immigrants noirs».
Ceci l’a donc poussé à explorer cette facette de l’histoire canadienne peu connue et à retracer les origines et le contexte dans lequel sont arrivés les premiers Afro-Canadiens.
Pas tous des esclaves
Contrairement à ce que certains pourraient imaginer, les premiers sont venus bien avant les années 1960-1970 et bien avant l’entre-deux-guerres et «ils n’étaient pas tous des esclaves fugitifs venus des États-Unis», précise l’historien: «Mathieu Da Costa par exemple, d’origine africaine, est venu d’Europe aux alentours de 1600 et a servi d’interprète entre les premiers explorateurs français, dont Samuel de Champlain, et la nation Micmaque. Il y a une bourse qui porte son nom.»