Les Africains du Québec jouent au golf… pour réussir

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Publié 22/08/2006 par Patient Atcho (Agence Syfia)

Les Africains qui tentent de percer le monde québécois des affaires se mettent résolument au golf cet été. Leur but? Fraterniser avec les gens qui comptent.

Komlan Messie est tout sourire en ce beau matin d’été sur le terrain de pratique Golf-Cité, à un jet de balle du centre-ville de Montréal. «Ne soyez pas timides et jouez, vous êtes là pour ça!» s’exclame joyeusement le président du Réseau des entrepreneurs et professionnels africains (REPAF), pour détendre l’atmosphère.

Une quarantaine d’Africains du Québec – tous des professionnels du monde des affaires – ont en effet répondu présent à son «Opération démystification du golf», un sport que la plupart n’ont jamais pratiqué mais dont ils entendent bien profiter pour tisser un maximum de liens professionnels.

«Être visible et agir»

«J’ai déjà pris quelques contacts intéressants et j’en suis content», se réjouit le Togolais de naissance Christian Akapo, analyste de crédit à la Banque de Montréal. Comme lui, Franck Hounsokou, un jeune consultant en TIC, n’est pas vraiment non plus un fana du golf. D’origine béninoise, il se retrouve pour la première fois sur un green pour, avoue-t-il, «donner un coup de pouce à ma carrière professionnelle». Bakary Konaté, lui, est du Mali et réside au Québec depuis vingt ans. Il travaille à la Société canadienne du sang et fait partie des rares Africains à pratiquer le golf, un sport beaucoup moins élitiste en Amérique du Nord qu’en Europe et largement pratiqué par toutes les classes sociales.

«Ici, il faut être visible et agir. C’est ainsi que nous pourrons faire notre place. Au Canada, le terrain de golf est le lieu de prise de toutes les décisions. On n’a pas besoin d’être bon joueur mais il faut être à la bonne place au bon moment. J’ai pu décrocher cinq fois un emploi en me promenant de terrain de golf en terrain de golf. Si je l’avais compris en arrivant au Canada, j’aurais pu trouver mon premier emploi très rapidement», explique-t-il, soudain nostalgique.

Ingénieur chez le constructeur aéronautique Bombardier, le Béninois d’origine Martial Missihoun est d’accord. «En raison de l’atmosphère de détente qu’il facilite, le golf permet des opportunités de prise de contact et même de réaliser des affaires de façon informelle. Il est incontournable en Amérique du Nord!»

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Conscients que 80% des emplois sont trouvés par le bouche à oreille au Québec et que de nombreuses décisions d’affaires se prennent sur les greens, le REPAF a tout mis en œuvre pour faire un succès de l’événement d’une journée, une première pour l’organisme qui se promet de récidiver. «Le golf est un sport pratiquement inconnu dans bien des pays africains mais c’est ici un outil de réseautage, ajoute Komlan Messie, lui-même chef d’entreprise. C’est un moyen d’intégration qui nous permet d’aller au-delà des inhibitions en évitant de nous marginaliser. C’est le sens de l’opération.»

L’important, c’est de jouer

Le club bien tendu et les deux pieds joints à la manière d’une professionnelle, Lourdine Dumas tente tant bien que mal de frapper la minuscule balle. Elle l’effleure et laboure la pelouse, sa maladresse déclenchant l’hilarité générale. Elle est la première à en rire: «Le bâton est trop lourd mais c’est plutôt drôle. Plus drôle que je ne l’imaginais». D’origine haïtienne, elle est gestionnaire et compte profiter de l’événement pour peaufiner et boucler des projets pour le continent africain.

Vincent Miko, lui, est chef d’une entreprise de prestation de services. D’origine camerounaise, il a déjà joué deux fois au golf mais aujourd’hui rien ne lui réussit. Il vient de rater un trou pour la énième fois. «Je vais y arriver. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera la prochaine fois», se convainc-t-il en se redressant. Le corps face à la cible, le club bien serré entre ses mains, concentré comme si sa vie en dépendait, il frappe encore une fois la balle et pulvérise une motte de gazon. Mais le golfeur du dimanche ne s’en fait pas trop. L’important, c’est de ne pas baisser les bras.
«Pour percer le monde des affaires au Québec, savoir jouer au golf est une corde supplémentaire à son arc. Je n’ai aucune raison de ne pas me perfectionner si je suis régulier à l’entraînement.»

Heureusement, le jeu est à la portée de toutes les bourses, ou presque. Même l’équipement est de plus en plus abordable. «Il y a quelques années, je ne pouvais pas me permettre de jouer au golf, dit Félicien Souka, un concepteur de logiciels natif du Togo qui joue au golf depuis trois ans. Il fallait dépenser 1000 $ pour les équipements mais aujourd’hui avec seulement 300 $, on peut bien jouer au golf. Ce n’est plus une affaire de riches… C’est une affaire de volonté et nous y arriverons.»

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