Les Africains qui tentent de percer le monde québécois des affaires se mettent résolument au golf cet été. Leur but? Fraterniser avec les gens qui comptent.
Komlan Messie est tout sourire en ce beau matin d’été sur le terrain de pratique Golf-Cité, à un jet de balle du centre-ville de Montréal. «Ne soyez pas timides et jouez, vous êtes là pour ça!» s’exclame joyeusement le président du Réseau des entrepreneurs et professionnels africains (REPAF), pour détendre l’atmosphère.
Une quarantaine d’Africains du Québec – tous des professionnels du monde des affaires – ont en effet répondu présent à son «Opération démystification du golf», un sport que la plupart n’ont jamais pratiqué mais dont ils entendent bien profiter pour tisser un maximum de liens professionnels.
«Être visible et agir»
«J’ai déjà pris quelques contacts intéressants et j’en suis content», se réjouit le Togolais de naissance Christian Akapo, analyste de crédit à la Banque de Montréal. Comme lui, Franck Hounsokou, un jeune consultant en TIC, n’est pas vraiment non plus un fana du golf. D’origine béninoise, il se retrouve pour la première fois sur un green pour, avoue-t-il, «donner un coup de pouce à ma carrière professionnelle». Bakary Konaté, lui, est du Mali et réside au Québec depuis vingt ans. Il travaille à la Société canadienne du sang et fait partie des rares Africains à pratiquer le golf, un sport beaucoup moins élitiste en Amérique du Nord qu’en Europe et largement pratiqué par toutes les classes sociales.
«Ici, il faut être visible et agir. C’est ainsi que nous pourrons faire notre place. Au Canada, le terrain de golf est le lieu de prise de toutes les décisions. On n’a pas besoin d’être bon joueur mais il faut être à la bonne place au bon moment. J’ai pu décrocher cinq fois un emploi en me promenant de terrain de golf en terrain de golf. Si je l’avais compris en arrivant au Canada, j’aurais pu trouver mon premier emploi très rapidement», explique-t-il, soudain nostalgique.
Ingénieur chez le constructeur aéronautique Bombardier, le Béninois d’origine Martial Missihoun est d’accord. «En raison de l’atmosphère de détente qu’il facilite, le golf permet des opportunités de prise de contact et même de réaliser des affaires de façon informelle. Il est incontournable en Amérique du Nord!»