«Monsieur Dupont, c’est avec reconnaissance que nous vous faisons parvenir une carte de don de corps, accompagnée d’un dépliant explicatif. […] Veuillez prendre note que votre corps ne pourra être exposé dans un salon funéraire, car l’institution ira le chercher dans les 24 à 48 heures suivant votre décès.»
Dans le dépliant accompagnant cette lettre, envoyée par l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, qui gère le service de don de corps à la science, on m’explique que mon corps, pour être accepté, doit satisfaire à certaines conditions précises: ne pas avoir été embaumé ou autopsié; ne pas avoir été déformé par la maladie; ne pas être celui d’une personne brûlée ou décédée d’une maladie infectieuse. J’apprends aussi qu’après son séjour en faculté, ma dépouille sera inhumée dans un cimetière, sans aucuns frais pour mes proches, ceux-ci ayant même droit à une cérémonie organisée par l’université, en l’honneur des familles des donneurs!
Ne me reste plus qu’à signer et à faire contresigner par deux témoins cette petite carte blanche et plastifiée qui atteste dès lors ma dernière volonté.
Cadavre «frais» ou «fixé»?
«C’est peut-être rare qu’on aille jusqu’à vous demander cela, Dr Désaulniers, mais est-il possible de connaître assez précisément les utilités pédagogiques qu’aura mon corps lorsqu’il se retrouvera entre les mains des jeunes médecins?» Chirurgien de formation et directeur de la division d’anatomie au département de chirurgie de la Faculté de médecine de l’Université Laval, M. Désaulniers a « vu neiger» et même beaucoup, puisque ses premières démonstrations sur cadavres, devant des étudiants, remontent déjà à plus de 20 ans. Il coordonne aujourd’hui la formation des jeunes médecins.
«On garde au laboratoire d’anatomie deux types de corps», dit-il. Le cadavre «frais» et le cadavre «fixé», chacun ayant des vertus pédagogiques différentes.