L’écart se creuse entre le comité de travail et la communauté

Consultations torontoises pour l’Union provinciale des minorités raciales et ethnoculturelles francophones

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Publié 01/03/2006 par Magdaline Boutros

Les tensions qui minent depuis plusieurs semaines le processus d’union des minorités raciales et ethnoculturelles francophones ont atteint un nouveau sommet lors d’une réunion de consultation tenue à Toronto la semaine dernière. Plusieurs membres de la communauté noire ont ouvertement demandé la démission des membres du comité de travail.

Le processus d’union divise profondément la communauté depuis plusieurs mois. D’un côté, le comité de travail, formé de neuf membres de la communauté, travaille à la mise sur pied de l’Union provinciale des minorités raciales et ethnoculturelles francophones (UP-MREF). De l’autre, la communauté s’inquiète et s’indigne du manque de transparence et de démocratie qui gouverne ce processus. «Si nous avons pris le temps d’être ici ce soir, c’est que nous voulons parler ensemble», a lancé d’entrée de jeu Pierre Dadjo, président de l’UP-MREF.

La semaine précédente, une consultation menée à Toronto avait déraillé en un affrontement ouvert entre le comité de travail et les membres de la communauté noire. La combativité de certains membres de la communauté ainsi que le manque d’écoute des membres du comité de travail, qui ont tourné au ridicule une série de propositions soumises par la communauté, avaient mis le feu aux poudres.

Cette deuxième tentative de consultations, tenue le mardi 18 octobre à l’hôtel Courtyard Marriott, a pris une tournure plus constructive, sous la médiation d’Éthel Côté, consultante communautaire, appelée en renfort par les membres du comité de travail pour diriger les travaux de consultation.

Vingt personnes avaient été conviées par le comité de travail à la réunion. Sur ces vingt personnes, sept se sont présentées. Une vingtaine d’autres personnes se sont introduites sans invitation dans la salle. «Nous n’avons pas été invités par le comité, mais nous formons la base et nous sommes la majorité ici», ont-ils fait valoir au début de la réunion. Tour à tour, les membres de la communauté se sont exprimés, avec beaucoup d’émotion, pour faire connaître leurs opinions sur le processus et leurs propositions d’amendements à l’ébauche de règlements administratifs soumis par le comité de travail.

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Un processus soumis à rude épreuve

Le manque de communication et de transparence a encore une fois été soulevé. Plusieurs personnes présentes ont déploré l’absence de courroie de transmission de l’information efficace tout au long du processus d’unification. En des mots très durs, plusieurs ont exprimé leur mécontentement en dénonçant les réunions tenues en catimini pour certaines personnes expressément conviées ou encore dont le lieu de rencontre a été changé à la dernière minute.

Un budget n’a toujours pas été présenté à la communauté, ce qu’a déploré l’Assemblée. Plus de 300 000 $ auraient été octroyés par Patrimoine canadien au Centre des jeunes francophones de Toronto pour mener à bien ce processus d’unification. «On ne nous a toujours pas dit comment les fonds ont été utilisés. On nous cache quelque chose! On est en train de se moquer des gens!», a lancé Émile Kemayou.

Autre pomme de discorde: la participation à l’Assemblée de fondation de l’Union provinciale des minorités raciales et ethnoculturelles francophones qui aura lieu à Ottawa le 10 novembre. Le Comité de travail a fixé à 40 le nombre de participants qui seront admis à l’Assemblée de fondation. «D’après les contraintes budgétaires que nous avons et étant donné que Patrimoine canadien a débloqué du financement pour 40 personnes, c’est tout ce que nous pouvons autoriser», a expliqué Eddy Lukuna, secrétaire du comité de travail. L’identité de ces 40 personnes, triées au volet par le comité de travail, n’a pas été rendue public.

Discussions autour des règlements administratifs

Plusieurs points sont également en litige dans le projet de règlement administratif soumis par le Comité. La question de la membriété a soulevé l’ire de plusieurs. Dans le projet actuel de règlements, ce sont uniquement les associations qui pourront être membres de l’organisme, ce que d’aucuns déplorent. «En tant que membre active de la communauté, je voudrais qu’on m’explique pourquoi je ne peux pas participer à titre personnel à la minorité francophone», s’est insurgée Brigitte Tuekam, visiblement furieuse.

Jean Tafono a également soulevé la question du lieu choisi pour établir le siège social de l’organisme. Dans la proposition actuelle, le siège social aurait pignon sur rue à Ottawa. «Pourquoi pas Toronto, puisque c’est ici que siège le gouvernement provincial?», a-t-il demandé.

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Enfin, le poids relatif de chaque région au sein du conseil d’administration a été débattu. Pour l’instant, chaque région ontarienne détient deux sièges. Le conseil d’administration devrait plutôt refléter l’importance du poids démographique de la région au sein de la communauté MREF, a souligné Jean-Pierre Matulu en proposant que quatre délégués soient nommés pour la région to-ron-toise.

Après plus de 3 heures de débats et de questions provenant de l’assemblée, le comité de travail a eu moins d’une dizaine de mi-nutes pour répondre brièvement aux interrogations soulevées.

Pierre Dadjo a refusé de démissionner comme le lui demandaient plusieurs personnes de l’assemblée. «Je comprends [vos préoccupations] mais je ne démissionne pas, a-t-il affirmé. Quand il y aura des élections, je me présenterai ou non. Pour l’instant, nous devons aller au-delà de ces considérations.» Lors de la précédente réunion, le comité de travail – dont les membres n’ont pas été élus – avait fait valoir qu’il formerait le conseil d’administration provisoire après l’Assemblée de fondation et qu’il disposait de 18 mois après cette Assemblée pour organiser des élections.

Pierre Dadjo a encore une fois refusé de nous accorder une entrevue pour répondre aux différentes questions soulevées par les membres de la communauté noire.

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