On est souvent porté à croire que le vote des minorités francophones est de facto acquis au Parti libéral du Canada. Cela était vrai à l’époque de Pierre Elliott Trudeau puisque toutes les circonscriptions fédérales moyennement francophones à l’extérieur du Québec n’élisaient que des députés libéraux. Cette polarisation s’est brisée au cours des dernières élections. Le scrutin du 23 janvier est venu confirmer cela. Le vote francophone a suivi la tendance nationale et s’est avéré de moins en moins libéral.
Pour les francophones hors Québec, le scrutin du 23 janvier 2006 se caractérise par une nette désaffection à l’endroit du Parti libéral, une certaine propension vers le Parti conservateur et un appui légèrement à la hausse pour le NPD.
Lors de la dissolution du Parlement canadien, le 29 novembre 2005, la Chambre des communes comptait 11 députés francophones hors Québec, soit sept en Ontario, trois au Nouveau-Brunswick et un au Manitoba. Ces 11 députés représentaient les trois principales formations politiques canadiennes: le Parti libéral du Canada (9), le Nouveau-Parti démocratique du Canada (1) et le Parti conservateur du Canada (1). Le total des votes exprimés dans ces 11 circonscriptions se répartissait comme suit: 46% pour les libéraux, 31% pour les conservateurs et 21% pour les néo-démocrates.
Parmi les sept députés francophones de l’Ontario, il y avait six libéraux et un conservateur. Deux députés libéraux sortants ne se représentaient pas lors du scrutin de janvier 2006: Don Boudria (Glengarry-Prescott-Russell) et Paul DeVillers (Simcoe-Nord).
On pouvait miser, sur le libéral René Berthiaume pour succéder à Don Boudria mais la lutte a été des plus serrées et c’est le conservateur Pierre Lemieux qui l’a emporté avec une majorité de 210 voix. Le député s’exprime mieux en anglais qu’en français.