Le vignoble ontarien béni des dieux

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Publié 28/09/2010 par Alain Laliberté

Après une absence de quelques semaines, me voici de retour avec une belle histoire. J’aurais pu l’inventer sauf qu’on ne m’aurait pas cru.

Septembre 2010; déjà une décennie qui tire à sa fin. Il me semble que je célébrais l’arrivée du nouveau millénaire il y a seulement quelques années. Pas dix ans déjà!

Au cours de cette période, Bordeaux a déjà connu deux années du siècle avec 2005 et 2009. Les vignerons ontariens ont, quant à eux, connu une année considérée supérieure en 2002 alors que 2007 demeure non seulement la meilleure année depuis 1998, mais possiblement le meilleur millésime qu’ait connu la péninsule du Niagara depuis la création du label VQA en 1988.

Ces millésimes du siècle résultent d’un ensemble de conditions favorables qui débutent avant le débourrement, c’est-à-dire l’apparition des premières feuilles. Au cours de sa vie, la vigne connaîtra soit des hivers de gels et des froids glacials soit des températures froides, mais relativement clémentes. Dans le premier cas, même si le pied de vigne a été recouvert de terre pour protéger du gel, certaines variétés comme le merlot demeurent plus sensibles au gel. Les risques de gel, toujours présents jusqu’au mois de mai, peuvent anéantir le potentiel d’une récolte. Dans les cas extrêmes, la vigne peut mourir.

Une température froide, mais clémente qui s’adoucit surtout vers la fin de février et au mois de mars peut voir la vigne démarrer son cycle climatique. Après un printemps favorable, la floraison en juin demeure l’étape cruciale. La pluie, le vent et le froid ralentissent voire annihilent le travail des insectes butineurs. Cette étape détermine la quantité de fruits potentiellement récoltée cent jours plus tard.

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En juillet et août, la vigne requiert chaleur, soleil et temps sec. Une bonne averse limitera le stress hydrique de la plante. Avec de bonnes réserves en eaux souterraines, la vigne trouve son bonheur.

Août fait le moût. La combinaison entre la luminosité et la chaleur durant le jour et une fraîcheur nocturne favorise la maturité de bons raisins. Jusqu’au mois d’août, les petits fruits sont verts, acides et durs. Au cours de la véraison, les raisins prennent une couleur jaune ou vert pour les raisins blancs et une couleur rouge, bleu ou noir pour les raisins rouges. La on du raisin change aussi au cours de la maturité alors que l’acidité diminue et le sucre augmente. La baie devient aussi plus souple, plus malléable.

Avec de telles conditions jusqu’aux vendanges, la récolte promet d’être belle. Le danger qui guette le vigneron demeure les maladies et la pourriture. Moins les soins apportés à la vigne sont importants, meilleures sont les probabilités de belle récolte.

Les conditions climatiques de l’année 2010 jusqu’à aujourd’hui demeurent exceptionnelles. L’hiver a été doux. La température en avril rappelait l’été. Les trois premières semaines de mai ont été froides et pluvieuses. On connaît la suite.

Depuis trois semaines, je goûte (et je savoure) les raisins au marché public. Des raisins de table ontariens, on s’entend. Non seulement sont-ils sucrés et délicieux, ils débordent d’arômes de raisins purs. Chaque semaine, je dois limiter mes enfants âgés de 3 et 5 ans qui s’empiffrent littéralement sans regarder la couleur des raisins. Ils les mangeront à la maison.

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Le millésime 2010 est excitant. Tout y est pour que le vignoble ontarien de Pelee Island et du comté d’Essex près de Windsor jusqu’à Prince Edward County en passant par la péninsule du Niagara produise les meilleurs vins de son histoire. Toutefois, comme je l’ai si bien appris, tant que la vendange n’est pas rentrée, tout cela demeure hypothétique. Et tant que le vin n’est pas fini et mis en bouteille, on ne peut que rêver. A moins de visiter quelques producteurs en s’annonçant d’avance et demander à goûter les vins en cuve ou en barriques.

A cet effet, combien de lecteurs m’accompagneraient un samedi cet automne pour une journée de visites chez quelques producteurs ? Nous quitterions Toronto (point de départ à déterminer) en autobus pour revenir en début de soirée. SVP communiquez directement avec moi [email protected]

DES VINS À PETITS PRIX

Après avoir visité la vallée d’Okanagan à quelques reprises et dégusté passablement de vins produits dans cette région négligée du monde, il est dommage que des règles monopolistiques dépassées interdisent une libre diffusion au Canada des vins et cidres produits au Canada. Ainsi les vins ontariens auraient accès à un marché beaucoup plus large. Les vins Britanno-Colombiens quant à eux vendent plus de 90% de la production dans la province.

Il faut boire et reboire le Gray Monk Pinot Gris Okanagan Valley VQA 2008 (118638 19,95 $). Plutôt corsé et savoureux en attaque, le vin embaume le miel, la poire et la nectarine. Bien dodu et rond avec une franche vivacité qui nettoie bien la bouche, ce vin blanc sec tient la route (sans pour autant le boire au volant), persiste longuement de l’attaque à la finale. Délicieux, il s’avère une valeur indéniable pour accompagner le saumon fumé et son bagel ou une frittata un dimanche matin de novembre. ***(*)

Marchetti Verdicchio dei Castelli di Jesi Classico 2008 (104869 12,95 $) Une perle qui vaut grandement son prix. Floral au nez, la bouche suit avec des nuances de pomme et de poire. Moyen corsé, le vin déploie rondeur, souplesse et fraîcheur. L’acidité assure la tenue alors que la finale présente une très légère amertume en finale. Grillez un simple filet de poisson dans la poêle et réservez. Sauter des oignons verts et déglacer au vin blanc. Servir avec du riz. Rapide, nourrissant et simple. Excellent prix pour ce verdicchio. ***

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Quelle belle surprise que ce Beaujolais-Villages du Domaine de la Madone Le Perréon 2009 (981175 13,95 $) vendu au même prix voire moins que les vins nouveaux vendus en novembre. Violacé soutenu plutôt profond, ce vin de gamay respire intensément la cerise noire et, avec aération, déborde les fruits rouges fraîchement cueillis. Souple, la bouche suit, pure, harmonieuse et moyennement corsée. Éclatant, assis sur de tendres tanins fins, le vin est gourmand, désaltérant et de bonne longueur aromatique. Quel plaisir de boire un Beaujolais qui a une certaine substance et du fruit, encore du fruit. Servir frais à 13°, 14°C. Aucune hésitation. ***+

Apollonio Copertino Rosso 2004 (23226 16,95 $) a une robe grenat soutenu qui, jumelée aux odeurs et arômes évolués de prune, cuir et de sous-bois laisse entrevoir un vin évolué. Rien ne laisse entrevoir la puissance, l’extraction et la substance qui se cache dans l’harmonie d’ensemble : superbe vivacité, nerf et tenue. Du negroamaro pour sortir des sentiers battus. ***(*)

Murgo Etna Rosso 2008 (180208 13,95 $) Issu de nerello mascalese (90%) et nerello mantellato pour le reste, ce vin grenat léger en couleur et prêt à boire sent le renfermé, les fraises, l’œillet et des notes de poivre. Souple et droit, vif et moyennement corsé, ce vin persistant en offre plus que le client en demande. Longue persistance aromatique. ***(*)

L’évaluation
* : Banal
** : Honnête
*** : Très bien
**** : Excellent
***** : Le 7e ciel
(*) : Équivaut à une demi-étoile
♥♥♥ : Coup de coeur

Les prix
($) : jusqu’à 9$
$ : jusqu’à 13$
$($) : jusqu’à 17$
$$ : jusqu’à 24$
$$($) : jusqu’à 30$
$$$ : jusqu’à 40$
$$$($) : jusqu’à 50$
$$$$ : jusqu’à 70$
$$$$($) : jusqu’à 110$
$$$$$ : plus de 110$

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Plus de * que de $, le vin vaut largement son prix.
Autant de * que de $, il vaut son prix.
Moins de * que de $, il est cher, voire très cher.

Vous pouvez écrire à Alain Laliberté à [email protected]

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