Le vapotage aide-t-il à cesser de fumer?

Vapotage
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Publié 08/06/2019 par Catherine Crépeau

De nombreux fumeurs se tournent vers la cigarette électronique pour cesser de fumer, mais la méthode est-elle efficace?

Depuis leur arrivée sur le marché en 2006, les cigarettes électroniques sont souvent présentées comme des solutions de remplacement à la cigarette traditionnelle et aux outils pour cesser de fumer, comme les timbres.

Elles présentent l’avantage d’imiter la cigarette traditionnelle en utilisant un processus d’inhalation pour rejeter sous forme de vapeur le liquide qui se trouve à l’intérieur du dispositif. L’utilisateur reproduit ainsi le geste de fumer, ce qui n’est pas le cas avec les gommes ou les timbres de nicotine.

Des résultats encore non concluants

Mais la cigarette électronique aide-t-elle vraiment à cesser de fumer? Si le Royaume-Uni considère que oui, la France ne la recommande pas pour écraser. Au Québec, l’Institut national de santé publique (INSPQ) juge l’outil prometteur, mais estime qu’il y a encore beaucoup de barrières à lever avant de la reconnaître comme une méthode pour cesser de fumer.

Ces divergences s’expliquent par l’évolution rapide des cigarettes électroniques et le manque d’uniformité entre les dispositifs, ce qui rend complexe la comparaison des résultats de recherche.

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Ainsi, certaines études démontrent que la cigarette électronique est utile pour les tentatives d’arrêt tabagique, alors que d’autres révèlent que les fumeurs ne sont pas satisfaits du nouveau dispositif et qu’ils recommencent à fumer ou continuent à utiliser la cigarette traditionnelle, en parallèle avec sa version électronique.

Une revue de 24 études publiée par la Cochrane Library en 2016 concluait que la cigarette électronique pouvait aider les fumeurs à arrêter de fumer… mais que le niveau de preuve était faible. Les auteurs précisaient que d’autres études, avec des échantillons plus grands ou comparant la cigarette électronique à des substituts de nicotine, devraient être menées pour établir l’efficacité de la cigarette électronique comme outil de sevrage.

Deux fois plus efficaces que les substituts de nicotine

Un premier essai clinique répondant à ces critères a été publié en février 2019 dans le New England Journal of Medicine (NEJM). Il est dit «randomisé», c’est-à-dire qu’il était composé de deux groupes, entre lesquels les participants ont été répartis de manière aléatoire pour comparer l’efficacité de la cigarette électronique à des substituts de nicotine.

Les chercheurs de l’Université Queen Mary, à Londres, ont recruté 886 fumeurs qui consommaient en moyenne 15 cigarettes par jour et les ont divisés en ces deux groupes. Les participants du premier groupe ont remplacé la cigarette par un ou deux substituts de nicotine (timbres, gommes, vaporisateurs nasal ou buccal et pastilles) au choix du participant, sans regard au contenu en nicotine, et ceux de l’autre groupe par une cigarette électronique avec du liquide à 18 mg de nicotine/mL. Tous ont bénéficié d’un accompagnement et d’entretiens réguliers avec un clinicien.

Après un an, 18% des participants ayant vapoté étaient toujours abstinents, comparativement à seulement 9,9% de ceux ayant eu recours à un ou des substituts à base de nicotine. Les auteurs notent que la sensation de manque a été moins souvent rapportée avec la cigarette électronique.

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Pour le Dr Martin Juneau, directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal, cette étude est une bonne nouvelle. Depuis 2013, le cardiologue suggère à ses patients de remplacer leur cigarette par une cigarette électronique afin de diminuer leur risque cardiovasculaire (un des principaux risques associés à la cigarette, avec le cancer du poumon).

Il rapporte qu’environ 70 % de ses patients parviennent ainsi à cesser de fumer, incluant ceux qui avaient tout essayé, et qu’après un an, ils ont généralement abandonné la cigarette électronique, sans retourner au tabac.

Encore des zones d’ombre

L’étude du NEJM laisse toutefois plusieurs questions sans réponse. Par exemple, parmi les participants qui ont abandonné le tabac grâce à la cigarette électronique, 80% utilisaient toujours cette dernière après un an. En comparaison, chez ceux qui ont écrasé grâce à des substituts, seulement 9% continuaient de les utiliser. Les vapoteurs remplaceraient-ils une dépendance par une autre? Si ce n’est pas le cas, est-ce que l’usage prolongé de la cigarette électronique présente des risques pour la santé?

De plus, comme la majorité des études antérieures, l’étude britannique a été menée avec les anciennes cigarettes électroniques, indique Annie Montreuil, conseillère scientifique à l’INSPQ. La Juul, arrivée sur le marché américain en 2015 et autorisée au Canada depuis septembre 2018, pourrait modifier ces résultats d’études, selon elle. Plus petite et plus facile à utiliser, la Juul est plus concentrée en nicotine que les autres dispositifs électroniques. Pourrait-elle créer une dépendance chez les utilisateurs?

Qui plus est, depuis les premiers temps du vapotage, les autorités et les organismes qui luttent contre le tabagisme ont pour crainte que la cigarette électronique serve de «porte d’entrée» vers la cigarette traditionnelle, en particulier chez les jeunes. Cette inquiétude est inspirée par les résultats d’études qui montraient que les adolescents qui avaient essayé la cigarette électronique étaient plus susceptibles de fumer une cigarette de tabac que ceux qui n’y avaient jamais touché.

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D’autres études publiées la même année et menées pendant la même période au Royaume-Uni, où la cigarette électronique fait partie d’une stratégie globale de lutte contre le tabac, montrent toutefois que la majorité des jeunes ne font qu’essayer la cigarette électronique et que moins de 3% d’entre eux deviennent des utilisateurs réguliers.

Verdict

Selon les données actuelles, la cigarette électronique est plus efficace pour arrêter de fumer que les substituts classiques, comme la gomme à la nicotine ou les timbres. En ce sens, elle représente un outil prometteur dans la lutte au tabagisme.

Mais avant d’en faire un traitement antitabagique de première ligne, d’autres études seront nécessaires pour établir hors de tout doute que la cigarette électronique mène bel et bien à cesser de fumer et qu’elle n’ouvre pas la porte à la consommation de cigarettes de tabac chez les jeunes.

Auteur

  • Catherine Crépeau

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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