Le travail d’adjoint parlementaire : le bras droit du député

Des conditions pas toujours faciles

David Imbeault, ancien adjoint parlementaire.
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Publié 04/12/2019 par André Magny

Un député, c’est un peu comme le Père Noël. S’il n’a pas ses petits lutins pour tout préparer, la tournée du 24 décembre risque d’être catastrophique!

Un adjoint parlementaire, on le voit sans doute moins souvent que son patron, mais son travail est aussi indispensable, dans des conditions pas toujours faciles.

Député battu

Le 21 octobre dernier, David Imbeault a perdu son emploi. Pourtant, son patron, Guy Caron, était visiblement content de ses services.

En fait, c’est un peu à cause de Guy Caron que David se retrouve sans emploi. Ou plutôt à cause du vote des électeurs du comté québécois de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques dans le Bas-du-Fleuve.

Après huit ans comme député du NPD, M. Caron a dû tirer sa révérence devant son adversaire du Bloc Québécois. Comme des dizaines d’adjoints parlementaires, ce soir-là, David Imbeault a, lui aussi, cédé sa place.

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Le Parlement du Canada. (Photo: Stéphane Ippersiel)

Recherche, communication, agenda

Mais au fait, qu’est-ce qu’un attaché parlementaire? En général, il et elle vient du monde des sciences politiques ou des communications. «Les tâches sont très variées, mais toutes orientées autour du même objectif: faciliter le travail du député», selon David Imbeault.

«Cela va donc de la recherche aux communications en passant par la gestion de l’horaire et de la comptabilité. Il faut tout faire pour que le député puisse se concentrer sur son travail en chambre et les contacts avec les citoyens.»

John O’Leary, ancien adjoint parlementaire et maintenant responsable du Bureau de recherche pour le caucus libéral, parle des adjoints parlementaires comme étant «un groupe présentant un éventail de compétences distinctes», qui travaille «sans relâche pour les enjeux auxquels nous-mêmes, ainsi que le caucus libéral, croyons fermement.»

Heures supplémentaires

Le Parti conservateur, le Parti vert et le Bloc Québécois n’ont malheureusement pas répondu à nos questions touchant les conditions de travail des adjoints parlementaires.

La plupart des députés ont du personnel affecté à leur bureau de circonscription et du personnel affecté à leur bureau à Ottawa. John O’Leary explique que les députés reçoivent un budget et des lignes directrices en matière de recrutement de personnel.

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Cela étant, ils sont libres de constituer l’équipe qui leur convient le mieux. Cependant, «cela signifie que les rôles, responsabilités, salaires et déplacements de chaque membre du personnel politique varieront.» Et les heures de travail aussi.

«Les heures supplémentaires sont fréquentes», confie David Imbeault, surtout lorsque la chambre siège.

La Chambre des Communes du Parlement canadien. Photo: Martin Lipman, Bibliothèque du Parlement

Stress et dépression

«Plusieurs adjoints font des semaines de plus de 60 heures pendant cette période, ce qui entraîne de nombreux problèmes de santé psychologique sur la colline.» L’un de ses anciens collègues du Parti libéral a même fait une tentative de suicide sur la colline parlementaire en juin 2018.

«Les jeunes adjoints sont particulièrement vulnérables, car ils sont moins outillés pour identifier les situations problématiques.»

Les employés du NPD sont les seuls qui soient syndiqués. La convention collective avec le Syndicat des travailleurs unis de l’Alimentation et du commerce du Canada a le mérite d’être claire sur plusieurs domaines: le salaire (55 500 $ pour un niveau 2 comme les adjoints parlementaires), les vacances, les heures supplémentaires, le harcèlement, les déplacements, les congés parentaux, etc.

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L’entente est valide jusqu’en 2020 et «chaque député fédéral du Nouveau Parti démocratique nouvellement élu, dans le cadre d’une élection générale ou partielle, doit recevoir une explication générale sur l’objet et l’application de la présente convention».

Transition de deux mois

David Imbeault mentionne qu’un député battu aux élections a le droit, s’il lui reste assez de fonds dans son budget, d’embaucher ses adjoints pendant deux semaines pour l’aider à faire le ménage de son bureau. La Chambre des communes paye ensuite 60 jours de salaire pour faciliter la transition.

Ainsi, un adjoint, qui aurait perdu son poste le 21 octobre, pourrait être théoriquement payé jusqu’au début du mois de janvier.

S’il est vrai que nombre d’adjoints parlementaires feront carrière en politique, pour l’instant l’ex-adjoint parlementaire de Guy Caron a décidé de retourner vivre à Montréal. «Le déménagement a donc été la priorité à court terme.»

Auteur

  • André Magny

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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