Le TfT parle d’adolescence… aux adolescents

«Je suis vu, donc je suis»

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Publié 24/02/2009 par Guillaume Garcia

Qui n’a jamais voulu ressembler à l’idole du collège, à la fille la plus en vue, au garçon le plus sportif? On se regarde dans le miroir et que voit-on: nous-mêmes, et nos défauts. Il est tentant de vouloir les faire disparaître, de devenir comme tout le monde, rentrer dans le moule, se faire des nouveaux amis, mais faire tout cela en restant soi-même est-il possible? Sandrine, Noémie et Thomas vont en faire l’expérience grâce à la magie d’un miroir.

Regarde moi, d’Isabelle Bélisle, présenté deux jours seulement la semaine dernière au Théâtre français de Toronto, raconte l’histoire d’un groupe d’adolescent amis depuis l’enfance.

Thomas, Sandrine et sa cousine Noémie ont grandi ensemble et forme une «gang» soudée à l’abri des préoccupations stylistiques vestimentaires et des discussions «super-in» des ados qu’ils côtoient. Sandrine, la bonne vivante au style très particulier, plus intéressée par l’art que par ses cours de maths, au grand damne de sa mère.

«Je réfléchis, donc je suis»

Noémie campe une «nerd», habillée «comme une petite fille de 10 ans», selon les filles plus branchées.

Elle travaille très bien à l’école et réussit tout ce qu’elle fait. Thomas est un garçon sensible et drôle, un peu le clown de la bande. S’ils se sentent très bien entre eux, ils sont considérés par leurs camarades comme des «nobody» qui n’ont aucun style, en tout cas pas celui à la mode.

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L’arrivée du miroir magique reçu par Sandrine pour son anniversaire va venir chambouler la petite musique bien réglée de leur amitié. Le miroir leur parle, à travers la présence de la Comtesse de Langer, de reflets, de perception de soi-même. Comment sont-ils vus par les autres ados? Et comment pourraient-ils le changer?

Si Sandrine refuse l’idée de changer, Noémie se fait happer et va tenter de devenir une autre, une fille super à la mode. Pour l’aider, elle compte sur Julie, la fille la plus en vue du collège, qui connaît tous les garçons de l’équipe de football. En tentant de se transformer, Noémie va progressivement se couper de ses anciens amis qui ne la reconnaissent plus dans son nouveau rôle.

Les jeunes sont parfois méchants entre eux et Regarde-moi le montre bien. Comment ne pas succomber au désir de plaire et d’être remarqué? Noémie va en faire les frais et entraîner avec elle Thomas, qui découvre ses sentiments pour elle. Il sera prêt à changer pour la faire craquer.

Sandrine résiste et ne comprend pas le choix de ses amis. Son caractère la pousse à rester celle qu’elle est vraiment. Mais le pouvoir du miroir est puissant, et ses amis s’éloignent. La belle amitié se rapproche dangereusement de la fin.

Plusieurs rebondissements concluent la belle pièce d’Isabelle Bélisle, qui a le mérite de parler, de manière simple et tellement vraie, d’un sujet existentiel, le regard des autres et le jugement qu’ils portent sur nous. À la fin de la pièce présentée au TfT, une dame approchant la quarantaine prévenait les jeunes lycéens perplexes: «La comtesse (ndlr: les questionnements sur le regards que les autres portent sur nous), ça reste toute la vie, peu de gens s’acceptent à 100%».

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Pour ou contre l’uniforme

Après la représentation les comédiens ont répondu aux questions des jeunes du secondaire présents dans la salle. Outre les questions de techniques, ceux-ci voulaient surtout savoir si les artistes se rapprochaient un peu de leurs personnages. Si les comédiens avouent que par certains côtés ils ressemblent à leurs rôles, ils concluent en disant que: «On a un peu de chaque personnage en nous.»

Plusieurs adolescents vêtus de l’uniforme de leur école voyaient en cela une forme de solution aux problèmes de regards des autres parce que «tout le monde est habillé pareil». Ils avouent que beaucoup de leurs camarades veulent ressembler aux mêmes personnes, porter les mêmes habits. Plus que l’uniforme, la solution se cache peut-être dans une des dernières répliques de la pièce où les trois jeunes combattent le «Je suis vu, donc je suis» que leur assène le miroir par un «Je réfléchis, donc je suis».

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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