Le TfT gagne son pari avec Le dîner de cons

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Publié 28/04/2009 par Guillaume Garcia

Pour une dernière, c’est une belle dernière! Touche finale d’une saison bien fournie, le Dîner de cons de Francis Veber mis en scène par Guy Mignault au Théâtre français de Toronto a fait mouche dès sa première, vendredi dernier. Les rires fusaient de toute part, engendrés par la verve naïve d’un François Pignon original et d’un Pierre Brochant plus vrai que nature. Le Dîner de cons version TfT a bel et bien réussi son pari.

Emmené par un excellent Pierre Brochant (Paul Essiembre), la pièce de Francis Veber retravaillée par le TfT a obtenu un franc succès lors de sa première. Le pari pouvait être risqué de reprendre une comédie comme le Dîner de cons mais il semble réussi.

Le décor parisien de l’appartement de Pierre Brochant a essuyé les indénombrables gaffes d’un François Pignon (Pierre Simpson), très différent de celui du film, pour ceux qui l’ont vu mais qui fait bien rire tout de même

Le duo fonctionne vraiment bien et la complicité entre les deux parvient à nous transporter dans un univers fait de moments drôles, légers mais aussi cyniques et méchants. Tout le caractère du travail de Francis Veber est là. On rit des bêtises de Pignon, du quiproquo de la situation, mais on ne peut s’empêcher de plaindre et d’éprouver de la compassion pour un personnage triste, attachant qui n’est pas assez tordu pour comprendre ce que manigance Pierre Brochant.

Le personnage joué par Thierry Lhermitte sur grand écran a été parfaitement intégré par Paul Essiembre, qui n’a d’ailleurs jamais vu le film Le dîner de cons. Tout le cynisme de cet éditeur parisien peu scrupuleux, volage, ressort dans l’adaptation proposée par le TfT. On rentre dans le jeu du comédien et pour peu, on le croirait vraiment ainsi, immoral, prêt à se moquer des autres pour s’amuser, et ne s’intéressant qu’à lui-même.

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François Pignon version TfT s’éloigne un peu du personnage de Francis Veber dans le sens où il ne ressemble pas physiquement au beauf français que l’on peut imaginer. Si Pierre Simpson a travaillé d’autres facettes du personnage, on ne peut s’empêcher de trouver qu’il surjoue parfois un peu le con. François Pignon est un personnage gaffeur, naïf, parfois terre à terre, con on l’admet, mais pas débile. Il doit pouvoir faire rire mais sans tomber dans l’exagération, ce que fait parfois la version du TfT. Ce n’est pas dans le texte mais plutôt dans les mimiques, les attitudes que le Pignon torontois s’éloigne du personnage original. Pignon comprend vite, il faut juste lui expliquer longtemps! Il n’est pas débile, juste con!

Les autres personnages sont plus discrets, parmi eux, la femme de Brochant, qui reste pas mal en retrait, Marlène Sassoeur, la maîtresse de Brochant qui apporte de la couleur du féminin dans une pièce d’hommes, même si le fait qu’elle soit présentée en hippie, ne colle pas vraiment avec son rôle de nymphomane folle.

Du côté hommes, Juste Leblanc l’ancien ami de Brochant arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et Cheval, le contrôleur fiscal, fait vraiment beaucoup penser à Daniel Prévost, dans les intonations de la voix, les gestes et un ton très saccadé quand il parle.

Le tout produit une belle alchimie qui force les abdominaux du spectateur à travailler tout au long de la pièce et conclut sur une belle note la saison du TfT. Guy Mignault a réussi son pari avec cette production, avec un con somme toute crédible.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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