Le symbole vivant de la Birmanie porté à l’écran

Une dame d’honneur

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Publié 24/04/2012 par Guillaume Garcia

Aung Sang Suu Kyi a été libérée par la junte militaire en place en Birmanie en fin d’année dernière et finalement élue au parlement birman le 1er avril dernier. Luc Besson, réalisateur de Léon et du Cinquième élément a réalisé un film sur «La dame de Rangoon» qui sortira à Toronto le 27 avril. S’il ne va pas forcément fouiner dans tous les détails de l’histoire, le film a le mérite de remettre sur la carte la Birmanie et à l’honneur le prix Nobel qui a passé près de deux décennies en prison ou en résidence surveillée.

Fille du militaire Aung San, qui a négocié l’indépendance de la Birmanie avant d’être assassiné à l’aube du processus démocratique, Aung San Suu Kyi a passé une bonne partie de sa vie entre l’Inde, l’Angleterre et le Bhoutan avant de revenir dans son pays natal en 1988 pour être au chevet de sa mère malade.

Dès lors le peuple apprend sa présence et lui demande de prendre la suite de son père qui entre-temps est devenu un martyre aux yeux du peuple. Elle fonde la Ligue nationale démocratique et gagne largement les élections de 1990. Les militaires au pouvoir annulent le vote et enferment la leader et ses partisans. Le film suit tout particulièrement son enfermement et met en lumière sa solitude. Elle doit rester cloîtrée dans la maison familiale et ne peut jouir de la présence de son mari et de ses enfants que très rarement.

La véritable histoire qu’a voulu raconter Luc Besson se trouve là. La relation qu’Aung Sang Suu Kyi (Michelle Yeoh) vit avec son mari, un universitaire anglais joué par David Thewlis, occupe une large place dans La Dame de Rangoon.

Chaque emprisonnement donne lieu à de nouvelles demandes de visa de la part de son mari et de ses enfants pour venir voir leur épouse et mère, mais le film montre bien que plus le temps avance, moins les militaires acceptent facilement ces visas.

Ils ont bien compris que pour limiter le pouvoir de La Dame, comme on l’appelle en Birmanie, du fait que prononcer son nom est interdit, il suffit de la couper du monde, même si cela signifie la couper volontairement de sa famille.

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Le prix Nobel qui lui a été décerné en 1991, elle le doit en grande part à la volonté de son mari qui a monté le dossier pour elle dans l’espoir que cette reconnaissance mondiale lui apporte de la visibilité.

Le film a pris quelques largesses avec la réalité, comme l’a souligné Luc Besson lorsqu’il a pu enfin rencontrer Aung San Suu Kyi en fin d’année dernière. Par exemple, une des scènes marquantes du film, quand la leader de la Ligue nationale démocratique fend l’armée, a dû être réinventée, aucun document d’époque n’étant disponible. Cette action a pourtant marqué les Birmans, qui se sont racontés l’anecdote de génération en génération.

Aung San Suu Kyi n’a jamais voulu se poser en martyre et a choisi son pays avant sa famille, comme on le découvre à la fin du film. On aurait aimé que Luc Besson fouille un peu plus ce passage de la vie de la femme la plus connue de Birmanie. Dans l’histoire, son mari, affaibli par un cancer, se voit refuser ses multiples demandes de visas, mais ne demande pas à Aung San Suu Kyi de venir le voir, sachant très bien qu’elle ne pourra pas revenir dans son pays. Il meurt en 1999, plus de 10 ans avant qu’elle ne soit libérée.

L’actualité fait parfois bien les choses et le film donne une chance de se rafraîchir la mémoire sur l’histoire récente houleuse de la Birmanie, pays autrefois riche et puissant qui tente de sortir la tête de l’eau malgré la pression militaire. La Birmanie est considérée parmi les pires pays du monde pour le respect des Droits de l’homme.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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