Le sous-marin de Rimouski a le vague à l’âme

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 16/09/2008 par Sylvain Sarrazin (Agence Science-Presse)

Après plus de trois décennies d’immersion, on peut bien comprendre son hésitation à se jeter… hors de l’eau! Acquis en 2005, le sous-marin Onandaga deviendra prochainement le fleuron du site historique maritime de la Pointe-aux-Pères, à Rimouski. Mais avant, il faut l’extraire de son élément naturel, la mer. Et ce n’est pas une mince affaire.

En effet, le musée souhaite l’exposer sur le plancher des vaches, ce qui nécessite des opérations de remorquage et de halage. Si cette dernière est une manœuvre courante dans le monde maritime, elle s’avère plutôt périlleuse et bien moins fréquente dans le cas d’un sous-marin.

Au cours du mois d’août, deux tentatives d’extraction ont finalement laissé Onandaga le bec dans l’eau. La grande marée de 15 pieds, nécessaire pour réaliser un premier halage le 2 août, était bien au rendez-vous, mais les conditions climatiques exécrables et un fort vent d’est avaient menacé la sécurité des opérateurs. Or, la prochaine marée de cette hauteur aura lieu en octobre, période à laquelle la météo sera très probablement défavorable.

Au musée, la riposte ne s’était pas fait attendre : « Nous avons décidé de reporter l’opération et de modifier le site de halage, en allongeant les rails de 7 mètres », a souligné le responsable de la procédure Donald Tremblay, qui hisse son tout premier sous-marin hors des vagues. « Désormais, une marée de 14 pieds est suffisante, ce qui permettra de faire […] d’autres essais courant septembre ». Il n’en reste pas moins que l’opération est jugée « très délicate » par la compagnie chargée de l’extraction.

Et, en effet, la deuxième tentative d’extraction la fin de semaine du 31 août a causé bien des difficultés. Cette fois-ci, les conditions idéales étaient réunies. Mais l’un des rails a cédé, compromettant les opérations. Si les grandes marées seront de retour en septembre, on ignore encore si le système de halage aura été restauré d’ici là. Notons que ce dernier comprend un immense bloc de béton armé ancré dans le roc, qui sert de point d’ancrage, le tout étant tiré par une chargeuse.

Une fois son pénible deuil des flots achevé, il deviendra ainsi l’unique sous-marin accessible au public en territoire canadien. Il exhibera ses entrailles technologiques dès mars 2009, et les curieux pourront découvrir l’ambiance et le fonctionnement de ce poisson d’acier, puisque ses différents équipements électroniques ou mécaniques seront encore actifs.

Publicité

Désarmé en 2000 par la marine nationale du Canada, le sous-marin Onandaga est un vieux loup de mer dont la construction date de la fin des années 1960. Aujourd’hui désuet, il a été submergé par l’apparition d’appareils plus modernes, tels que le tristement célèbre Chicoutimi.

Le projet Onandaga

Ce sous-marin unique est un rescapé de la Guerre froide. Bâti au Royaume-Uni à la fin des années 1960, le mastodonte mesure 90 mètres de long pour plus de 1400 tonnes. Il est capable d’ingurgiter près de 70 membres d’équipage pour les mener jusqu’à 210 mètres sous les eaux.

Comme il est difficile d’être massif et rapide, sa vitesse maximale de déplacement en plongée s’élève à 31 km/h. Le sous-marin n’avait pas attendu le succès des technologies hybrides pour s’équiper de deux moteurs fonctionnant au diesel et à l’électricité.

Muni auparavant de 16 torpilles, Onandaga est redevenu inoffensif depuis son acquisition par le musée. Les prochains visiteurs ne pourront ainsi pas commettre de bourde en appuyant sur le bouton rouge!

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur