Il y a quinze jours, on se demandait si l’écrivain Claude Guilmain parviendrait à brasser la cage avec sa nouvelle œuvre AmericanDream.ca, création du Théâtre la Tangente mise en scène au Théâtre Glendon. Nous voulions savoir si ne serait-ce qu’un soupçon d’attention, qu’une once de réflexion, ou au mieux une large introspection naîtraient chez les spectateurs. Enfin présentée au Théâtre Glendon, la semaine passée, Americandream.ca a levé tous ces doutes, a répondu aux attentes et la cage a, semble-t-il, réellement brassé.
Un propos clair et pertinent
AmericanDream.ca nous raconte l’histoire d’une famille canadienne des années 2000, composée de quatre baby-boomers, Alain, son épouse Pat, Claude et Maude, et de deux enfants probablement nés dans les années 80, Brigitte et Emilie.
Ces six personnages se voient tous confrontés à un drame personnel, si terrible qu’ils se croient contraints de dissimuler ce lourd secret à leur famille, de peur de semer panique et sinistrose. Seul le public est conscient de ces problèmes. Seul le public fait face à ce déclin certain. Mais, outre cette histoire réaliste et bien construite, AmericanDream.ca est une pièce avant tout placée sous le signe de la subversion.
Claude Guilmain cherche, constamment, à désacraliser la notion de rêve américain dans son œuvre, pure illusion, simple mythe aux répercussions contemporaines ravageuses selon lui. Cette chimère est le parfait symbole d’un égocentrisme latent et d’une arrogance unanime des Américains. Par exemple, par le biais du personnage de Brigitte, lors d’un monologue, à la fin de la pièce, Claude Guilmain jette un regard dédaigneux sur la politique étrangère américaine.
Il blâme entre autres les interventions militaires trop nombreuses (au Guatemala, à Cuba, en Afghanistan), parfaits exemples d’une volonté des États-Unis d’avoir la mainmise sur tout. Il va même jusqu’à suggérer que les attentats du 11 septembre sont le résultat d’une longue provocation américaine. «Pour les États-Unis, la guerre est un business», s’indignait Claude Guilmain, lors d’une séance de questions-réponses improvisée à la suite de la première représentation. Globalement, c’est donc d’abord grâce au message clair et pertinent véhiculé par l’auteur, qu’AmericanDream.ca a répondu aux attentes.
Une bonne distribution
Mais c’est aussi et surtout à la troupe de comédiens que nous devons tirer un grand coup de chapeau. Alliant expérience et jeunesse, la distribution d’AmericanDream.ca est parfaitement adaptée à l’œuvre de Claude Guilmain. Bernard Meney, dans son rôle de Claude, quinquagénaire qui voit sa vie basculer lorsqu’il gagne à la loterie, représente l’expérience dans cette distribution, lui qui a par exemple déjà collaboré de nombreuses fois avec le Théâtre la Tangente.