Les blogues sont arrivés en douce vers les années 2006-07, puis en force en 2008. L’un des énormes avantages? La démocratisation des procédés de diffusion. Plus besoin de cajoler un éditeur pour publier ses oeuvres (ni de répondre à ses arguments que notre projet de livre en français n’a pas de marché suffisamment grand au Canada pour être rentable). On appuie sur «Enter» et voilà notre blogue qui s’envole gratuitement. Ça permet tout à coup à des « mères indignes » de douter à voix haute de ce rôle de femme parfaite que la société leur a octroyé, avec leur propre accord.
Le phénomène de Mère indigne au Québec
Caroline Allard a lancé son blogue Chroniques d’une mère indigne en mars 2006. En 2009, elle publiait avec grand succès deux recueils aux sous-titres évocateurs (Une vie sale parsemée de couches bien remplies. À moins que ce ne soit l’inverse? et Décapons le quotidien, une couche à la fois). Radio-Canada diffusait en ligne des « webisodes » (mettant en vedette Mari-Hélène Thibault et rien de moins que le beau Stéphane Archambault, chanteur du groupe Mes Aïeux, dans le rôle de Père indigne), reprenant presque mot pour mot les scénarios explorés dans les blogues iconoclastes de l’auteur.
À en juger les commentaires générés par les blogues de Caroline, le Québec avait grand soif de son plaidoyer contre les sacro-saints préceptes du parent parfait qui nous condamne «à la culture du secret envers le pédiatre ainsi qu’à un sentiment de culpabilité débilitant».
Le personnage de Mère indigne est complètement irrévérencieux. Elle a continuellement recours aux bonbons pour soudoyer ses enfants. Elle utilise tous les subterfuges pour se replonger dans ses romans policiers, petit rouge à portée de la main. Elle fait sans cesse des affirmations commençant par «moi, je vous dis franchement, en tant que parent, je ne crois plus tellement», suivies d’explications hilarantes pourquoi elle ne croit plus aux vacances, à l’élégance, à la science, à la santé mentale, à l’honnêteté…