Le Québec et l’Ontario ont une langue commune: les affaires

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Publié 08/03/2011 par Vincent Muller

«La culture et la langue sont différentes, mais l’intérêt pour le commerce et l’environnement sont des points communs», expliquait le ministre québécois du Développement économique, de l’innovation et de l’exportation, suite au premier forum économique Québec-Ontario qui s’est tenu à Toronto lundi 28 février dernier. La ministre ontarienne du Développement économique et du commerce, Sandra Pupatello, qui s’est elle aussi entretenue avec L’Express, partage ce point de vue.

En 2009, le Québec et l’Ontario ont signé un Accord de commerce et de coopération suite auquel des normes communes ont été adoptées, au niveau des transports notamment, résultant sur des économies considérables pour certaines entreprises.

Mais le travail d’harmonisation ne fait que commencer et le forum de la semaine dernière, sur le thème de la compétitivité, s’inscrit dans cette dynamique de coopération accrue qui concerne aussi bien les entreprises que les gouvernements.

D’après le communiqué du gouvernement de l’Ontario, la collaboration des deux provinces est capable de rivaliser avec les états de New York, de la Californie et du Texas.

Partenaires plus que concurrents

«Québec et Ontario sont plus des partenaires que des concurrents, chacun essaye d’attirer des investisseurs chez soi, mais on préfère tous qu’ils aillent en Ontario ou au Québec plutôt qu’aux États-Unis», souligne Clément Gignac. «Quand une entreprise vient dans l’une ou l’autre province c’est généralement un bénéfice pour les deux provinces, c’est déjà le cas pour l’industrie pharmaceutique et l’aéronautique», poursuit-il.

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La ministre Sandra Pupatello est elle aussi positive et note l’évolution des choses: «Il y a beaucoup plus de coopération maintenant, quand il y a un projet de loi ici, il est posté au Québec aussi et ils peuvent le commenter et en Ontario nous pouvons commenter leurs projets de loi alors qu’historiquement chacun faisait ce qu’il voulait de son côté».

«Pour les affaires, la collaboration est le mot clé», poursuit-elle. Et cette collaboration sera nécessaire pour combler le retard. En effet, selon Clément Gignac: «Les deux provinces sont en retard de 15 à 20% sur les gains de productivité par rapport aux États-Unis».

«Il faut aussi voir pourquoi on tarde à s’adapter aux nouveautés technologiques. À un moment, c’était à cause du Dollar canadien bas, maintenant il y a plus de possibilités avec la hausse du Dollar».

Comité consultatif

Un comité consultatif, composé de 5 Ontariens et 5 Québécois issus du secteur privé et du milieu universitaire, a été constitué pour ce forum dont le thème principal était celui de la productivité, avec, entre autres, l’intervention de deux économistes Pierre Fortin, de l’Université du Québec à Montréal et Roger Martin.

Environ 150 personnes ont répondu à l’appel, dont environ 45% de Québécois et 55% d’Ontariens, et ont pu faire part de leurs suggestions pour faciliter les relations commerciales entre les deux provinces.

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Suggestions

«L‘une des suggestions, et ce sera l’un de mes objectifs personnels, ce serait de faire des missions commerciales conjointes entre Ontario et Québec», note Clément Gignac, qui imagine déjà les deux provinces faisant ensemble leur promotion à l’étranger.

Une autre suggestion évoquée lors de l’entretien concerne l’harmonisation des politiques environnementales afin d’éviter que des entreprises déménagent d’une province à l’autre uniquement pour des questions de législation en matière d’environnement.

Chantiers

Si certaines règles ont déjà été changées dans le domaine des transports et de l’environnement, sur de nombreux points on en est encore à l’identification de chantiers: «On a identifié des chantiers au niveau des services financiers notamment. C’est là qu’on est le moins avancé», avoue Clément Gignac, «il y a d’autres ministères impliqués et les règlements sont provinciaux», rappelle-t-il pour mettre en avant la complexité de ce secteur.

Cependant, Sandra Pupatello est optimiste et souligne le fait que la coopération accrue permet déjà des discussions au niveau des services financiers.

Par ailleurs, il semble qu’il y ait de grosses différences dans le secteur de la construction entre le Québec et l’Ontario. «C’est un des secteurs sur lesquels il va falloir se concentrer», selon Clément Gignac.

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Ligne grande vitesse

Lors de ce forum, le projet de ligne grande vitesse qui relierait Windsor à la Ville de Québec a encore été évoqué. «Le train c’est un symbole d’unité, le Canada s’est construit sur le chemin de fer, ce serait un symbole d’unité entre l’Ontario et le Québec», souligne Clément Gignac, «Il faut faire preuve de leadership, ça permettra de réduire l’emprunte de carbone et de développer un transport rapide».

Particulièrement motivé à l´évocation de la question, il dit comprendre les contraintes budgétaires et considère qu’«il faut donner une orientation politique au projet, mener des études et prendre une décision d’ici 3 ans».

Pas d’harmonisation totale

Bien que le but de cette collaboration interprovinciale soit d’harmoniser les règlements, cela ne signifie pas qu’ils le seront à 100%. «On peut harmoniser jusqu’à un certain point», estime la ministre ontarienne du Développement économique, «le Québec continuera de planifier avec un différent focus».

«Le comité consultatif a essayé d’identifier les différents règlements, si un règlement n’a aucun impact sur la mobilité des biens et des personnes on n’a pas besoin de le changer», explique son homologue québécois.

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