Le quartier St-Henri, un microcosme québécois

L’ONF présente une co-production en première mondiale aux Hot Docs

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Publié 03/05/2011 par Guillaume Garcia

Originaire de London, Shannon Walsh est tombée en amour avec le Québec et la culture québécoise, au point de lui rendre un vibrant hommage dans son documentaire À St-Henri le 26 août. Petite ville dans la ville, le quartier St-Henri est coincé entre l’avenue Atwater, l’autoroute Décarie et le canal Lachine. Regardé de haut par les anglophones de Westmount, il demeure un microcosme grouillant de personnages plus originaux les uns que les autres. Hubert d’Aquin avait pris le pouls du quartier pendant 24h, pour un documentaire inédit en 1962. Shannon Walsh utilise le même procédé, cinquante ans plus tard.

Avec 16 équipes de réalisateurs, tous de Montréal, elle a arpenté les rues du quartier St-Henri en ce 26 août 2010.

Après avoir effectué de nombreux repérages, elle a dressé une liste de sujets et de personnages que ses équipes pouvaient aller filmer. L’objectif était clair: ne rien filmer avant, ni après le 26 août.

Étudiante à Concordia, elle a découvert le cinéma québécois et le travail d’Hubert d’Aquin, dont le documentaire À St-Henri le 5 septembre, tourné en un jour, en 1962. C’est ce qui lui a donné l’idée de retourner voir ce qui se passait là-bas, surtout qu’un ami à elle y était né.

«Dans le documentaire de 1962, le quartier est encore très blanc, ouvrier, catholique. C’était vraiment le Québec, avec sa fierté.»

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St-Henri reste ancré dans l’imaginaire québécois, grâce entre autres à Gabrielle-Roy, ou encore Yvon Dupuis, qui ont su et savent bien décrire ce qui fait de ce quartier un endroit si particulier.

«Je me suis posé la réflexion de savoir ce qui avait changé dans ce quartier post-industriel. On dit encore je veux aller en ville, pour dire Montréal, alors qu’ils ont le métro et qu’ils sont à Montréal.»

Quand on regarde les deux documentaires, on est frappé par l’idéalisation du passé chez les habitants du quartier. C’était mieux avant, quand on avait les tanneries. C’était mieux avant quand on avait les usines…

«Le quartier n’est plus blanc, il y a une infiltration de l’immigration, mais l’esprit reste très ouvert chez la population. Ce sont des gens si différents, qui vivent les uns à côté des autres. Il y a encore un esprit communautaire très fort. On partage la vie entre voisins.»

En tout cas entre voisins du même bord! Parce que l’aménagement des rives du Canal Lachine commence à faire arriver les riches, dégoûtés par les prix de l’immobilier du centre-ville.

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Comme le dit un des personnages du documentaire: «Y’a plus de classe moyenne à St-Henri. Y’a des riches, y’a des pauvres, mais y’a pas au milieu.»

Et elle sait de quoi elle parle. Elle vit ici depuis plus de 40 ans. On ne connaît pas trop son histoire, mais elle semble avoir fait de la prison pour trafic de drogue et vit aujourd’hui sur le bien-être social. Pour arrondir ses fins de mois, elle ramasse les bouteilles de verre et de plastique, ou fait le marché pour ses amies.

«On est trop pessimiste sur l’individualisation de la société. Il y a encore de l’entraide, il faut juste prendre le temps de la regarder», explique la réalisatrice. Alors elle a pris le temps de la regarder et son film est un véritable bijou de docu-fiction. Si les images ne sont pas de feuilles d’or, ni de marbres, elles donnent envie d’y aller, même si on sait qu’il n’y aura pas grand-chose à faire. Il faut des quartiers comme ça, c’est aussi ce qui fait le charme d’une ville. De vraies personnes, de vraies histoires, de vraies galères.

Partageant sa vie entre Montréal et Johannesburg, Shannon Walsh compte refaire le même type de projet en Afrique du Sud, dans un bidonville. Du courage, du talent, et l’oeil. Elle a de quoi réussir!

Le 3 mai à 18h30 au TIFF Bell Lightbox 2, le 5 mai à 12h30 au cinéma Cumberland et le 8 mai à 18h au ROM Theatre.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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