Le protocole de l’Ombre

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Publié 11/09/2007 par Denis Griesmar

Dans le grand silence des médias, un meurtre se prépare: celui de la langue française dans ce qu’elle a de plus porteur d’avenir, et dans son rôle de garant de l’intelligibilité du Droit et de l’identité de la francophonie.

Un grand racket se met en place, aussi: celui de l’immense majorité des entreprises françaises, qui ne comprennent pas à quelle sauce on veut les manger, sous les coups des grandes multinationales et de leurs complices.

En bref, il s’agit, en ratifiant le «Protocole de Londres», d’éliminer la langue française du domaine des brevets d’invention… en attendant les normes, les Autorisations de Mise sur le Marché de médicaments (AMM), etc, pour donner valeur juridique en France à des textes rédigés en langue étrangère.

Le tout au grand dam de la rentabilité des entreprises elles-mêmes, dont les cadres sont loin de tous maîtriser l’anglais, surtout dans ses complexités à la fois juridiques et techniques.

Au grand dam des chercheurs eux-mêmes, qui finiront par se rendre compte qu’ils sont obligés de se plier à des schémas qui leur sont étrangers, de se laisser piller par les revues et les concurrents anglo-saxons, alors qu’ils ne sont, au fond, créatifs qu’en français.

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Les économies de bouts de ficelle ainsi espérées – en faveur de qui? – ne profiteront nullement aux entreprises françaises, qui subiront une distortion de concurrence.

Enfin, si ce Protocole de Londres est bien aberrant, en gros comme en détail, sur tous les plans – car le déficit de la balance française des brevets est dû à d’autres causes, sérieuses celles-là – l’abolition de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1 539 ainsi proposée mérite pour le moins un débat public approfondi.

Cette précipitation soudaine à ratifier l’inacceptable n’annonce rien de bon.

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