Le premier ministre ternit l’image de son propre prix d’excellence artistique

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Publié 06/03/2007 par Paul-François Sylvestre

Le 26 février dernier, le gouvernement de l’Ontario a remis, pour la première fois, le Prix du premier ministre pour l’excellence artistique. La cérémonie s’est déroulée au Musée royal de l’Ontario, dans une mise en scène qui a bafoué la langue française. Le public franco-ontarien a eu droit, encore une fois, à la «token French-language sentence».

Les invités étaient d’abord accueillis par une affiche unilingue anglaise. Dans la salle de réception, l’écran ne projetait que le nom du prix en langue anglaise.

Le premier ministre était absent, mais les convives ont pu voir et entendre son message électronique. Dalton McGuinty a d’abord prononcé une phrase de bienvenue en français, puis est passé à l’anglais. C’est dans cette langue qu’il a livré l’essentiel de son message.

Le premier ministre a parlé de l’importance que les arts revêtaient aux yeux de son père. Il a cité des auteurs (en anglais seulement), puis a lancé la «token French-language sentence». Le public francophone eu droit à cinq mots: «Les arts sont profondément humains.» En agissant ainsi, le premier ministre a terni l’image de son propre prix d’excellence artistique.

Lorsque la ministre de la Culture, Caroline Di Cocco, a pris la parole, elle n’a pas prononcé le moindre mot dans la langue de Molière. Il y avait pourtant un organisme franco-ontarien parmi les finalistes, un membre du jury francophone et des représentants franco-torontois de la communauté artistique dans l’assistance.

Quant à la maîtresse de cérémonie, Martha Durdin (présidente du Conseil des arts de l’Ontario), elle a lancé un bonsoir en français, puis a fait tout son boniment d’introduction en anglais seulement.

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C’est Mme Durdin, femme bilingue, qui a présenté chacun des six finalistes. Elle l’a fait en anglais pour cinq d’entre eux et en français pour le Théâtre du Nouvel-Ontario. C’est ce qui s’appelle «faire une ardente promotion des deux solitudes». C’est aussi ce qui s’appelle une insulte à la communauté franco-ontarienne.

Outre le Théâtre du Nouvel-Ontario (Sudbury), les finalistes incluaient, la dramaturge Judith Thompson (Toronto), la danseuse Peggy Baker (Toronto), l’Ottawa Chamber Music Society, le théâtre De-ba-jeh-mu-jig (île Manitoulin) et l’artiste multi-média Juan Geuer (Toronto). C’est Peggy Baker, reconnue comme une des plus grandes danseuses contemporaines de sa génération, qui a remporté le Prix du premier ministre pour l’excellence artistique.

Ce prix est doté d’une bourse de 50  000 $, dont 35 000 $ sont remis à la personne lauréate. Une somme de 15 000 $ est versée à un ou une artiste de la relève, désigné par la lauréate. Mme Baker a choisi la danseuse Yvonne Ng. Chaque finaliste reçoit 2 000 $.

C’est le Conseil des arts de l’Ontario qui administre le Prix du premier ministre pour l’excellence artistique. Il a reçu 191 candidatures, dont une demi douzaine de langue française. Le jury francophone était composé de trois membres: Andrée Lacelle, écrivaine; Yves Larocque, artiste visuel; Louise Naubert, femme de théâtre.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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