Le PQ déclenche une polémique sur l’abattage rituel des animaux

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Publié 15/03/2012 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 19h08 HAE, le 14 mars 2012.

QUÉBEC – L’abattage des animaux de consommation selon les rites religieux «heurte de plein fouet» les valeurs québécoises, estime l’opposition péquiste.

Au nom de la santé publique, du bien-être des animaux et du droit des consommateurs, le Parti québécois a exigé mercredi du ministère de l’Agriculture un portrait complet de l’abattage rituel des animaux pratiqué au Québec.

Le Parti québécois s’inquiète du phénomène de l’abattage rituel _ halal ou casher _ qui semble prendre de l’ampleur au Québec, souvent à l’insu des consommateurs.

Or, les Québécois ont le droit de connaître la nature des produits dans leur assiette, a fait valoir en point de presse le député André Simard, porte-parole du PQ en matière d’agriculture.

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«Les gens jugeront s’ils acceptent ou non d’acheter le produit qui a fait l’objet de la bénédiction d’un imam», a lancé M. Simard.

Insensibilisation de l’animal

Pour minimiser la souffrance des bêtes, la norme «laïque» prévoit «l’insensibilisation» de l’animal _ généralement par électrocution ou anesthésie _ avant la mise à mort.

Même s’il est légal, l’abattage rituel est d’une autre nature, une nature qui «heurte de plein fouet» les valeurs du Québec, a argué le député, vétérinaire de profession.

«Cet abattage implique un rituel, le sectionnement de la gorge et le saignement de l’animal encore vivant (conscient). Comme vétérinaire, je peux vous dire que ce type d’abattage ne correspond pas, selon moi, aux valeurs du Québec», a-t-il dit.

L’abattage religieux est certes permis par la loi, mais il doit demeurer une exception et non pas devenir la règle, a ajouté le député de Kamouraska-Temiscouata.

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«C’est devenu un accommodement déraisonnable. Ces animaux ne doivent pas subir, à cause de choix d’affaires, une mise à mort qui présente un facteur de risque de plus grande souffrance», a-t-il relevé.

Saignée à froid

Au-delà de la souffrance animale, la saignée «à froid» des animaux, notamment des bovins, peut aussi occasionner un risque de contamination pour la santé publique, selon M. Simard.

«Quand l’animal est suspendu pour assurer une bonne saignée, il y a un refoulement, une sortie du tube gastro-intestinal. (…) Or, la maladie du hamburger a été identifiée provenant du système gastro-intestinal des bovins», a-t-il relaté.

D’après les données colligées par le PQ, une douzaine d’abattoirs au Québec pratiqueraient la mise à mort rituelle «en tout ou en partie» pour accommoder les fidèles des religions juive (casher) ou musulmane (halal).

Le géant Olymel, par exemple, détient depuis deux ans une certification halal pour ses volailles. Son usine de Saint-Damase produit des millions de poulets pour les consommateurs de viande halal. Les volailles sont sanctifiées par un imam.

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Mais à l’exception de la prière musulmane, Olymel pratique un abattage tout à fait conforme aux normes en vigueur.

«On ne fait jamais d’abattage à froid, sur aucun de nous animaux, a assuré un porte-parole de l’entreprise, Richard Vigneault. Un imam vient bénir les poulets pour nos clients qui veulent du halal, c’est tout. La certification n’a rien changé à nos méthodes d’abattage reconnues et supervisées par l’Agence canadienne d’inspection des aliments. On a une politique de bien-être animal et les animaux sont insensibilisés avant la saignée.»

Méconnaissance des Musulmans

Membre de l’Association des viandes halal, l’agronome Mohammed Ghalem s’occupe des relations entre les consommateurs de viande halal et les abattoirs.

À son avis, cette controverse est une «tempête dans un verre d’eau» qui dénote une méconnaissance de la communauté musulmane.

«Il y a une personne de confession musulmane qui fait une prière avant l’abattage et c’est tout. On ne touche pas au processus d’abattage, on respecte les exigences de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. C’est juste une prière avant l’abattage», a-t-il déclaré.

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Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Pierre Corbeil, a pour sa part voulu rassurer la population quant «à la salubrité et à l’innocuité» des viandes et des volailles mises en marché au Québec.

Il a qualifié les propos d’André Simard d’«alarmistes».

«L’abattage des animaux au Québec est encadré par des lois et des règlements qui assurent un abattage sans cruauté et une viande salubre. Toute viande issue d’un abattoir sous inspection doit respecter ces exigences avant d’être commercialisée. Les Québécois peuvent donc consommer cette viande en toute confiance», a fait valoir dans un communiqué M. Corbeil.

Le ministre a ajouté avoir l’intention de «sensibiliser» son homologue fédéral quant à la possibilité de mieux encadrer l’étiquetage afin de fournir une information plus précise aux consommateurs.

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