Le pouvoir de l’intuition

livre, littérature, roman, essai
Maria Hummel, Le musée des femmes assassinées, roman traduit de l’anglais par Thierry Arson, Actes Sud, coll. Actes noirs, 2021, 410 pages, 39,95 $.
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Publié 18/04/2021 par Paul-François Sylvestre

Miroir magique de la culture nord-américaine, Los Angeles nous montre ce qu’il y a de plus beau, de plus passionnel chez nous, et aussi ce qu’il y a de plus monstrueux.

Une exposition dans un musée illustre ce dernier point et demeure au cœur de l’intrigue concoctée par Maria Hummel dans son roman intitulé Le musée des femmes assassinées.

Oeuvres provocatrices

Le Rocque Museum se prépare à l’événement de l’année, le vernissage de la nouvelle exposition de Kim Lord, «Natures mortes».

Cela fait cinq ans que l’icône féministe, connue pour ses œuvres provocatrices et d’avant-garde, prépare ce nouveau projet: une série de onze autoportraits dans lesquels elle incarne des femmes assassinées ayant défrayé la chronique.

Kim Lord exploite des crimes horribles et se donne le droit de se peindre dans leur vie et leur histoire. Elle cherche à mettre en avant «l’anxiété oppressante de la plupart des femmes due à leur vulnérabilité fondamentale, une peur aussi rationnelle qu’irrationnelle».

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Douzième assassinat

Toute la crème de Los Angeles est au rendez-vous le soir du gala, mais la principale intéressée se fait attendre. Plus la soirée avance, plus l’inquiétude de l’équipe du Rocque tourne à la frénésie: où est passée Kim Lord ? Pourquoi ne se présente-t-elle pas?

Compte tenu de ses méthodes outrancières et de son goût pour le scandale, l’absence de Lord serait-elle un simple coup de publicité…? C’est ce que croit la narratrice Maggie Richter, rédactrice et correctrice d’épreuves au département des communications du musée.

Or, deux jours plus tard, Kim Lord est trouvée morte.

À qui profite le crime?

Le titre original en anglais est Still Lives, comme l’exposition «Natures mortes». En français, le titre Le musée des femmes assassinées laisse-t-il entendre que le meurtrier ou la meurtrière de Kim Lord serait une personne à l’emploi du musée…? Ne recherchez jamais le «quoi», trouvez plutôt le  «qui». Qui y perd, qui y gagne…?

La romancière écrit que «toutes les femmes n’ont pas le fantasme d’être une esclave sexuelle, une starlette ou la victime d’un meurtre». Elle se demande pour quelle raison Lord a subitement décidé d’offrir l’intégralité de son expo à la collection permanente du Rocque? On parle, ici, d’une perte de millions de dollars.

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Ego déchaînés

Publié chez Acte Sud, le roman devient un polar et le Rocque semble peuplé d’une «congrégation d’ego déchaînés».

Sans dévoiler le dénouement de l’intrigue, je signale que les gens adorent savoir comment on monte une exposition, comment les œuvres arrivent et repartent dans des caisses. On pourrait presque y mettre un cadavre…

Ce que j’ai retenu en lisant ce roman, c’est que «nous ne savons que ce que nous voyons, et ensuite nous laissons parler notre intuition…» Or, il est intéressant de noter à quel point l’intuition nous en apprend peu sur le monde extérieur, comparativement à tout ce qu’elle révèle sur nous-mêmes.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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