Selon Beverley McLachlin, la juge en chef de la Cour suprême du Canada, le plus grand défi du système juridique canadien est celui de l’accès à la justice. Prenant la parole le 13 août dernier devant les membres du Conseil de l’Association du Barreau canadien (ABC), la juge en chef a rappelé que le Projet international sur la justice a évalué la règle de droit dans 66 pays. Dans cette évaluation, le Canada fait bonne figure, sauf pour ce qui est de l’accès à la justice civile: parmi 12 pays riches, nous occupons le 9e rang. Ceci serait dû principalement aux difficultés d’accès à un avocat et à des délais irraisonnables dans les dossiers civils.
La juge en chef a profité de la tribune pour aborder la question de la confiance des citoyens dans le système judiciaire. Elle a remercié l’ABC pour l’appui constant que cet organisme national accorde à la magistrature canadienne et pour être un gardien de la confiance du public dans le système judiciaire.
Lorsqu’un membre de la magistrature fait l’objet d’une attaque injuste, l’ABC vient à sa défense afin de protéger l’indépendance de la magistrature et la confiance du public.
Elle a cité l’exemple où, plus tôt cette année, alors que le gouvernement fédéral était minoritaire, le ministre Jason Kenney avait critiqué des juges pour ne pas avoir été plus favorables à la position du gouvernement.
La juge en chef a bien fait de rappeler cet exemple. Je pense qu’elle aurait dû aussi rappeler aux dirigeants de l’ABC qu’il est temps de tenter de nouveau de convaincre le gouvernement fédéral d’accepter comme norme d’éthique de ne pas nommer un ministre directement à la magistrature. Attendre après une période intermédiaire d’au moins deux ans suivant la date de sa démission du cabinet contribuerait à éviter toute apparence de favoritisme politique.