Le Père Noël sera-t-il trop «occupé»?

CONTE DE NOËL

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Publié 20/12/2011 par Paul-François Sylvestre

Le lendemain de l’Halloween, Julie et Mathieu avaient accompagné leur mère au Centre Eaton et avaient remarqué que plusieurs magasins arboraient déjà des décorations de Noël. Un énorme sapin se dressait devant le magasin Sears. Il n’en fallait pas plus pour que le frère et la sœur, âgés respectivement de 4 ans et quart et 3 ans et demi, supplient maman de leur aider à écrire au Père Noël.


Julie avait pris soin d’inclure une photo du micro boa Star Académie qu’elle souhaitait recevoir. Elle avait noté que sa bonne conduite de chanteuse en herbe méritait bien un micro musical.


Mathieu, pour sa part, avait eu l’idée d’offrir un choix au Père Noël: «Tu peux soit m’apporter un circuit Ducati motos radiocommandées, soit m’offrir un jeu PicPirate. Fais-moi une surprise!» Et la lettre était partie pour le Pôle Nord H0 H0 H0.


À la fin novembre, Julie et Mathieu avaient appris que le défilé du Père Noël pourrait être perturbé par les Indignés de Toronto.


Maman avait dû leur expliquer que ce groupe faisait partie d’un mouvement initié le 17 septembre à New York et vite répandu de par le monde. Depuis le 15 octobre, il y avait eu des Occupations en Europe, en Asie et au Canada, notamment à Montréal, Vancouver, Halifax, Québec, Calgary et Toronto.
– Mais pourquoi les gens sont-ils indignés? avait demandé Julie.


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– Parce que les riches s’enrichissent sans cesse alors que les pauvres continuent à s’appauvrir.



Quand Mathieu voulut savoir si le Père Noël distribuait des cadeaux aux riches, maman avait précisé que tous les enfants sages
recevaient des cadeaux, riches ou pauvres. «Mais les enfants pauvres devraient en
recevoir deux, et les riches un seul», avait lancé Mathieu, au grand plaisir de sa mère.


Le défilé dut en effet éviter de passer près du parc St. James où campaient des centaines d’Indignés.


Pour se faire remarquer ou pour mieux marteler leur message de justice sociale, les Indignés décidèrent d’attendre le Père Noël de pied ferme au bout du défilé et de le forcer à les suivre jusqu’au parc St. James.


Cette intervention avait évidemment fait courir les journalistes heureux de pouvoir ajouter une touche dramatique à leur reportage.


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Pendant les trois premières semaines de décembre, la presse faisait régulièrement écho à la présence du Père Noël dans le camp Occupy Toronto. Est-il devenu un otage des Indignés? La Coalition anti-pauvreté de l’Ontario exigeait-elle une rançon? Pourquoi la Fédération du travail de l’Ontario n’intervenait-elle pas pour «libérer» le Père Noël?
Le Syndicat des métallos avait-il dressé une prison pour l’auguste personnage? Autant de questions qui troublaient l’esprit des Torontois!


Mathieu, lui, se posaient une question encore plus de taille. Père Noël pourra-t-il se libérer à temps pour distribuer des milliers de cadeaux aux enfants de Toronto? Ou sera-t-il trop «occupé»?


Tout le battage journalistique entourant la prise en otage du Père Noël avait tellement troublé Julie qu’elle en faisait des cauchemars. Le Père Noël lui apparaissait tantôt abattu, tantôt enragé. Elle le voyait clairement crier son indignation, les sourcils en accents circonflexes, et en devenait toute traumatisée.


L’inquiétude de Mathieu et le traumatisme de Julie s’étaient heureusement éteints le matin du 25 décembre lorsque la sœur et le frérot aperçurent un micro boa Star Académie et un jeu PicPirate sous le sapin de Noël.


Le Père Noël n’est jamais top occupé pour récompenser les enfants sages!

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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