Le patrimoine immatériel: une notion difficile à cerner

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Publié 23/02/2010 par Vincent Muller

Qu’est-ce que le patrimoine immatériel? Comment le préserver? Comment s’ouvrir sans s’uniformiser? Telles étaient les questions soulevées lors de la dernière conférence de la Société d’Histoire de Toronto mercredi dernier à l’Alliance française, animée par Julien Lagarde professeur d’histoire au Lycée français de Toronto.

Le conférencier a d’abord rappelé comment s’est faite la prise de conscience de l’importance de la préservation du patrimoine à travers certains exemples, dont celui de la Révolution française: «On a d’abord détruit de nombreux symboles de l’Ancien-Régime avant de réaliser qu’il fallait préserver cet héritage afin de se souvenir de cette période».

Cette prise de conscience s’est d’abord traduite par des actions en faveur de la préservation du patrimoine matériel, du bâti notamment. Bien qu’important, ce patrimoine n’est pas le seul à devoir être préservé. Le patrimoine immatériel, qui constitue un ensemble de savoirs et de pratiques traditionnels, est tout aussi important à entretenir.

Du folklore?

Julien Lagarde rappelle que ce patrimoine a souvent été vu comme du folklore et que la notion de patrimoine immatériel s’est surtout façonnée à partir du milieu du XXe siècle.

Il souligne également que cette notion est dynamique dans la mesure où les savoirs et pratiques sont le résultat d’interactions entre différents peuples, différentes cultures. Ces interactions engendrent en effet des transformations continuelles.

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Le jeune historien a étudié une communauté autochtone, les Hurons-Wendats, et a mis en évidence la notion de patrimoine immatériel dans l’évolution de ce groupe durant son histoire, d’avant les premiers contacts avec les colons européens jusqu’à aujourd’hui.
«Étudier le patrimoine immatériel d’une communauté revient à prendre en compte son degré de métissage culturel», explique-t-il.

Évolution constante

Les pratiques de ce peuple ont été influencées et ont évolué. Ils ont été amenés à se déplacer de la Baie Géorgienne et à s’établir dans différents endroits.

Un groupe s’est établi au Québec, à Wendake, aux environs de la ville de Québec. C’est le groupe qu’il a étudié. Si de nombreuses pratiques se sont perdues, comme leur langue, d’autres sont restées et d’autres encore ont évolué.

Le conférencier met en évidence le fait que dans le cadre de la mondialisation il est particulièrement important pour les groupes minoritaires de travailler à la préservation de ce patrimoine immatériel qui constitue leur identité.

Cette préservation peut passer par des mises en scène folkloriques assez caricaturales. Certains choisissent de faire de telles simplifications pour «satisfaire l’appétit touristique» car cela peut jouer un rôle dans le développement économique de la communauté et donc dans sa préservation.

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Si l’ouverture est nécessaire pour préserver le patrimoine immatériel, Julien Lagarde ajoute qu’elle doit aller de pair avec des activités plus «authentiques» réservées seulement au groupe.

Une notion occidentale

Par ailleurs, l’uniformisation culturelle et la disparition de certaines pratiques, engendrées par la mondialisation, amènent de plus en plus de gens à se pencher sur la question de la préservation du patrimoine immatériel et à essayer de la réguler.

Mais tenter de définir un cadre visant à préserver des éléments appartenant au patrimoine immatériel est quelque chose de délicat dans la mesure où cette notion est difficile à appréhender.

Cependant, l’UNESCO tente l’exercice en enregistrant certaines pratiques à préserver. «Essayer de cadrer ces pratiques est une notion très occidentale» selon le conférencier pour qui «la classification de l’UNESCO est un outil global et international pour des phénomènes locaux et variés».

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