Tout un pari celui que Jack Layton a décidé de prendre la semaine dernière. Créant surprise et consternation sur la colline parlementaire, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD) a annoncé qu’il n’accordait plus sa confiance au gouvernement de Paul Martin, tout en lui demandant de continuer à gouverner jusqu’au début janvier. Le chef du NPD a poussé l’audace jusqu’à proposer lui-même la date de la prochaine élection, prérogative jusque-là réservée au premier ministre. Erreur politique ou simple jeu d’influence?
«Il était pris parce qu’il avait tenu des discours contradictoires publiquement. Alors, il a trouvé une manière élégante de s’en sortir», analyse Laure Paquette, spécialiste de stratégie politique à l’Université Lakehead. Sa déclaration, certes spectaculaire, n’a toutefois aucune force contraignante auprès du gouvernement, malgré l’appui des deux autres chefs des partis d’opposition obtenu cette fin de semaine.
Il ne s’agit pas d’une motion de défiance, a-t-on répété au NPD, mais d’une motion proposant un déclenchement d’élections au début janvier. Du jamais vu.
Selon les règles parlementaires, seules une motion de défiance à l’endroit du gouvernement ou une défaite sur un vote budgétaire peuvent renverser un gouvernement et mener à des élections. Or, la motion que le NPD veut déposer en Chambre le 24 novembre prochain ne correspond pas à ces critères. Les Libéraux ne sont donc pas tenus de la respecter, ce qu’ils ont déjà confirmé.
Le chef du NPD a-t-il nuit à sa crédibilité avec une proposition aussi saugrenue, qui n’aura sûrement aucun impact sur l’avenir politique des Libéraux? Certainement, répond Laure Paquette. Mais il a peut-être aussi réussi à perdre moins de crédibilité qui s’il avait dû expliquer pourquoi son parti votera pour le budget des dépenses supplémentaires le 8 décembre.