Le mythe du père Noël: les enfants aiment découvrir eux-mêmes la vérité

C'est amusant de faire croire aux petits enfants que le père Noël existe. L'esprit critique est pourtant un beau cadeau
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Publié 23/12/2020 par Ève Beaudin

La lettre envoyée au Pôle Nord, les miettes de biscuits sur le comptoir, les cadeaux qui apparaissent sous le sapin… S’il est un rituel familial qui occupe une place importante, c’est bien celui qui consiste à faire croire aux petits enfants que le père Noël existe.

Toutefois, un certain nombre de parents se montrent réfractaires: mentir à des enfants peut-il leur nuire?

Certains ne veulent tout simplement pas faire croire à leurs enfants une chose qui n’existe pas. D’autres le font pour des raisons éducatives: par exemple, le bonhomme à la barbe blanche promeut la surconsommation, ce qui ne correspond pas à leurs valeurs.

Enfin, certains parents ont surtout peur de nuire au bon développement de leurs enfants, estimant qu’ils ne feront plus confiance aux adultes quand ils se rendront compte de la duperie.

L’âge de l’imaginaire

Selon Serge Larivée, professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal, les parents n’ont pas à craindre les répercussions négatives s’ils font croire à leurs enfants que le père Noël existe.

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«C’est un conte de fées qui cadre très bien avec la pensée magique caractéristique de la petite enfance», explique le psychoéducateur qui a écrit des articles sur la question. «Chez les petits-enfants, le raisonnement logique n’est pas encore développé. Ils s’en remettent à leurs parents.»

De plus, jusqu’à l’âge d’environ 8 ans, les enfants se fient à ce qu’ils voient pour distinguer le vrai du faux. Par conséquent, quand les adultes font des efforts pour entretenir le mythe du père Noël et laissent des traces dans la maison — comme des miettes de biscuits et des cadeaux sous le sapin — les enfants n’ont pas de raisons de douter de son existence.

L’âge de raison

C’est vers 7 ans qu’on observe la première chute importante dans la croyance au père Noël. «C’est l’âge de raison. À partir de ce moment, l’enfant a davantage de repères dans la réalité et est capable de mieux saisir certains concepts», déclare Serge Larivée.

Leurs observations personnelles et leur compréhension du monde leur permettent de mieux distinguer ce qui est impossible. Ainsi, plusieurs enfants cesseront de croire au père Noël par eux-mêmes, simplement en réfléchissant et en constatant les incohérences de cette histoire. Cela apporterait même un sentiment de fierté à la majorité d’entre eux.

«Bien évidemment, il ne faut pas se servir du père Noël pour faire peur aux enfants qui ne sont pas sages, prévient le psychoéducateur. Cela serait une forme de chantage!»

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L’esprit critique

Pour certains jeunes, débusquer le mythe du père Noël est un rite de passage, le moment où ils deviennent «grands». Ils acceptent avec plaisir d’être les complices de leurs parents pour convaincre les plus jeunes d’y croire.

L’important, rappelle Serge Larivée, c’est d’aider l’enfant dans sa quête de vérité dès qu’il émet des doutes. Par exemple, s’il se demande comment les rennes font pour voler, on peut lui demander ce qu’il en pense.

«À l’époque d’Internet et des fausses nouvelles, je pense que c’est essentiel que les enfants développent leur esprit critique. Leur apprendre à réfléchir, à s’appuyer sur des faits pour développer leur pensée, à mettre en doute les réponses toutes faites, même quand elles viennent de leur entourage, c’est un apprentissage fondamental», conclut Serge Larivée.

Verdict

Entretenir le mythe du père Noël n’est pas une obligation parentale. Toutefois, si l’envie vous prend de perpétuer ce rituel, soyez sans crainte. Non seulement le mythe du bonhomme à barbe blanche ne nuira pas à vos enfants et ne minera pas leur confiance en vous, mais le fait de débusquer le pot aux roses pourrait même les aider à développer leur esprit critique. Et ça, c’est un beau cadeau à leur faire!

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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