Le mystère de l’Halloween

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Publié 28/10/2008 par Martin Francoeur

C’est le temps de l’année où sortent les monstres, grands et petits, les sorcières, les fantômes, les sosies de Jack Sparrow, de Cendrillon ou de Harry Potter. Mais on le sait bien : il n’y a pas grand mystère là-dedans. L’Halloween est la fête par excellence pour entrer dans la peau de personnages effrayants, bigarrés, rigolos.

Le seul vrai mystère de l’Halloween, à part peut-être les raisons qui ont conduit à l’étroite association entre cette fête et le culte de la citrouille, est de nature étymologique. D’où vient donc ce mot bizarre aux consonances étrangères? Ce nom commun aux airs de nom propre? Ça méritait bien une petite recherche.

Les ouvrages de référence et les dictionnaires s’entendent à peu près tous pour dire que le mot Halloween est d’origine anglaise et qu’il viendrait de la contraction des mots «all hallows eve» ou «allhallow-even». Littéralement, l’expression signifie «la veille de tous les saints». Plus exactement, le terme «all hallows» signifie lui-même «tous les saints» et de ce nom découle la fête de la Toussaint. En anglais, deux termes désignent cette fête : «All Saints Day» ou «All Hallows’ Day», que l’on abrège parfois «All Hallows».

Quant à l’ajout de «eve», il est similaire à ce qu’on retrouve dans des expressions comme «Christmas Eve» ou «New year’s Eve». Le mot anglais «eve» serait en quelque sorte une contraction de «even», dont on retrouve des traces dans «evening» (soir), par exemple.

L’Office québécois de la langue française nous dit que le nom de fête Halloween prend une majuscule initiale, bien que chez certains auteurs, on le retrouve avec une minuscule. Il s’agit d’un nom féminin. Bien que le mot soit d’origine étrangère, on nous précise que le h initial est muet et c’est ce qui explique d’ailleurs l’utilisation de l’article élidé et de la préposition.

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En Europe, où la fête sous son aspect plus commercial que solennel commence à gagner du terrain, les francophones n’utilisent pas d’article devant Halloween. L’OQLF, dans sa Banque de dépannage linguistique, nous donne comme exemple des phrases comme «C’est Halloween!» ou «Que faites-vous pour Halloween?». Ici, l’emploi de l’article élidé est résolument passé dans l’usage : «courir ou passer l’Halloween» ou «décorer pour l’Halloween», par exemple. On nous dit même qu’ «on peut sans doute voir dans le fait que les Québécois mettent un article élidé devant Halloween un signe de l’intégration linguistique du mot, qui n’est plus senti comme étranger».

Mais pour le Petit Robert, le mot Halloween est non seulement listé comme étant d’origine anglaise, mais il est aussi considéré comme un anglicisme, ce qui témoigne d’un peu de zèle linguistique. Il n’y a pas d’expression française appropriée pour désigner la «fête annuelle à l’occasion de laquelle les enfants masqués et déguisés font la tournée de leur quartier pour récolter des friandises». Le Robert limite même cet emploi au Canada et aux Etats-Unis, comme si le concept même d’Halloween était totalement inconnu en Europe.

Le Robert est par contre un peu plus précis sur la naissance de ce mot. Il serait apparu en français vers 1962 et en anglais, on en retrouve des traces quelque part au milieu du seizième siècle.

Un mot, enfin, sur la Toussaint, qui est célébrée le 1er novembre. Comme Halloween, le mot Toussaint s’écrit avec une majuscule. L’origine de cette fête remonterait, dit-on, à une pratique des Celtes qui célébraient Samain ou Samhain, le nouvel an celtique. Par extension, Samhain était aussi considéré comme étant le début de toutes choses, la communication entre les vivants et les morts. L’OQLF nous dit que cette conception s’est perpétuée, particulièrement dans les pays anglo-saxons, où la Toussaint est accompagnée de la fête folklorique de l’Halloween.

On ajoute que pour donner un caractère religieux au rite celtique, l’Église a recommandé, au neuvième siècle, d’instituer en France et en Allemagne, la «fête de tous les saints» et non celle des âmes des morts, le 1er novembre.

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De nos jours, la Toussaint n’est à peu près plus soulignée et encore moins célébrée. L’Halloween a résolument pris le dessus, étendant sa pratique jusque dans le monde des adultes. Nombreux sont ceux et celles qui décorent leur propriété, un peu comme ils le font à Noël, pour souligner l’événement et démontrer aux enfants qui «passent l’Halloween» qu’ils peuvent trouver à cet endroit quelques friandises bien méritées…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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