C’est un paradoxe moderne: le mouvement queer, par définition hors-norme et contestataire de l’ordre sexuel établi, revendique aujourd’hui la «normalité» ou l’«homonormativité».
C’est ce qu’on a entendu lors d’un colloque sur le thème Feeling Queer organisé par le Département des études françaises de l’Université de Toronto les 24, 25 et 26 mai dernier.
Participant à une volonté d’identifier, de classer et de nommer la théorie queer, une trentaine de chercheurs internationaux se sont retrouvés durant trois jours de conférences, en anglais et en français – un événement qui, lui-même, se voulait un moyen de normaliser la discussion sur les orientations sexuelles et identitaires.
Le mouvement queer s’ancre dans une multitude d’expériences, dans la littérature, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie et l’histoire. Autant de domaines d’études se situant dans la modernité.
Tremblay avant-gardiste
Pour Jorge Calderon, qui s’est intéressé à la pièce de théâtre Hosanna, de Michel Tremblay, «le potentiel de nombreuses œuvres des années 1970, qui traitaient d’un futur queer normalisé, n’était pas assez reconnu à l’époque».