Ce que je retiens du référendum sur l’indépendance du Monténégro c’est le climat serein dans lequel il s’est tenu.
L’Union européenne avait fait savoir au préalable qu’elle respecterait la décision des Monténégrins, quelle qu’elle soit. De sorte que ceux-ci ont voté en toute confiance, en particulier ceux qui ont opté pour le OUI, sachant que l’UE les protégerait contre toutes menaces serbes s’ils l’emportaient. Si le vote s’était tenu dans un climat d’incertitude, peut-être n’aurait-il pas seulement franchi la barre du 50% au lieu du 55% exigé.
Ici, bien que tous les partis québécois défendent le principe du 50% + 1 dans un référendum sur la souveraineté du Québec, c’est le flou déstabilisant à Ottawa, sans compter le différend autour de la question. Ce qui fait que lors d’un prochain référendum, si les conditions sont celles qui prévalaient dans le dernier, beaucoup de Québécois se prononceront dans la crainte que le verdict soit refusé par Ottawa si le OUI l’emporte par une faible marge ou si la question ne lui semble pas claire.
Après que les fédéralistes auront déployé tout leur arsenal pour convaincre les Québécois de voter NON, une fois dans l’isoloir, cette crainte en fera forcément pencher plusieurs du côté du NON, la «force» étant du bord d’Ottawa.
Pour qu’un prochain référendum se tienne sereinement, l’idéal serait donc que les forces en présence s’entendent (si oui, la communauté internationale reconnaîtra forcément le processus). Le camp fédéraliste n’aura d’autre choix que d’accepter le 50% + 1 si la question est sans équivoque, comme celle posée aux Monténégrins: «Souhaitez-vous que la République du Monténégro devienne un État indépendant avec une pleine reconnaissance juridique et internationale?».
Quant à moi, j’espère qu’on aura le courage au prochain référendum de poser une pareille question aux Québécois, sans tergiverser.