Le meilleur de Mozart avec Mira Glodeanu

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Publié 23/02/2016 par Janine Messadié

On dit de Mira Glodeanu qu’elle possède «le feu et la grâce, capable d’exploiter jusqu’à l’ivresse l’esprit des œuvres et de leur époque avec une virtuosité visionnaire».

Cette grande violoniste, diplômée de l’Académie de Musique de Bucarest, directrice artistique de l’ensemble PhilidOr (Val de Loire/France), s’est produite comme soliste ainsi que premier violon dans le monde entier avec de nombreux orchestres baroques.

En janvier dernier, pour sa première prestation avec l’Orchestre Baroque Tafelmusik, elle a enchanté le public torontois en interprétant L’estro armonico (1711), l’œuvre la plus célèbre d’Antonio Vivaldi (1678-1741), après Les Quatre Saisons.

Nous aurons la chance de revoir et d’entendre à nouveau Mira Glodenau avec Tafelmusik dans The Best of Mozart, une série de concerts présentée du 25 au 28 février au Jeanne Lamon Hall du Trinity-St. Paul’s Centre.

Tafelmusik

En entrevue à L’Express, celle qui a travaillé avec les plus grands chefs et solistes du répertoire baroque (Philippe Herreweghe, Christophe Rousset, Jordi Saval, Véronique Gens,…) se dit ravie de revenir dans la ville reine pour renouer avec Tafelmusik qu’elle connaissait de loin.

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«Je savais que cet orchestre existait parce que dans le milieu musical baroque européen dans lequel j’ai grandi, c’est à dire en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, on parle de Tafelmusik et du Canada qui gardent le flambeau de la musique ancienne.»

«On parle aussi de Jeanne Lamon, dont la réputation internationale n’est plus à faire», ajoute-t-elle. «En Europe j’avais entendu l’orchestre sur disque, mais jamais ‘live’.»

«En novembre 2015, Tafelmusik a donné un opéra à Versailles, ce fut pour moi une première rencontre. Puis, est venu Janvier 2016, où j’ai été invité à jouer et à monter un programme autour de L’estro armonico de Vivaldi.»

«Ce fut véritablement la fête aux violons et un voyage dans le temps à travers l’Italie du compositeur, et avec les musiciens de Tafelmusik. Il y a eu une reconnaissance immédiate. Tafelmusik est un orchestre très uni, il fonctionne très bien, chacun apporte quelque chose d’unique. J’ai été séduite par cet aspect d’unité, de solidarité entre les musiciens, cela n’existe pas beaucoup en Europe, et puis ce sont tous des passionnés dans cet ensemble!»

Vie musicale

Née en 1972 à Bucarest, Mira Glodeanu commence à jouer le violon à l’âge de cinq ans. Formée à l’école roumaine de violon par les maîtres Nicolae Bilciurescu et Modest Iftinchi, elle obtient le diplôme de soliste de l’Académie de Musique de Bucarest avec les plus hautes distinctions. C’est en 1990, un an après la révolution de 1989 qui a conduit au renversement et à la mort du dictateur communiste Nicolae Ceausescu, que Mira Glodeanu découvre les trésors cachés de la musique ancienne.

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Elle raconte: «J’avais 18 ans, il y a eu la chute du mur de Berlin, la fin de de la dictature en Roumanie…la musique ancienne, qui était méconnue dans mon pays, a commencé à s’infiltrer et c’est alors que j’ai découvert Les Quatre Saisons de Vivaldi interprété Nikolaus Harnoncourt, immense Chef d’orchestre, violoncelliste et gambiste autrichien, ce fut le coup de foudre! La même année, j’ai vu l’ensemble de chanteurs et d’instrumentistes français, Les Arts Florissants, nom emprunté à un petit opéra de Marc-Antoine Charpentier, et là… coup de poing, droit au cœur!»

Dès 1993, elle participe à Bucarest à la formation d’un groupe de recherche et d’interprétation et rencontre les représentants marquants de différents courants: le grand musicien espagnol, violiste, violoncelliste, chef de chœur et d’orchestre Jordi Savall, le violoniste argentin mentor du baroque Manfredo Kraemer, ou encore le claveciniste et chef d’orchestre français d’origine américaine William Christie.

Violon baroque

Ces rencontres l’amènent à se spécialiser à Bruxelles auprès de Sigiswald Kuijken, violoniste et chef d’orchestre belge, au Koninklijk Conservatorium de Bruxelles, d’où elle obtint un degré de maître en violon baroque.
En 1998, avec le claveciniste Frédérick Haas, elle fonde l’ensemble Ausonia, avec lequel elle enregistre en première mondiale les sonates pour violon de François Francoeur.

Puis, après l’enregistrement d’un programme dédié au compositeur français Jean-Philippe Rameau, l’ensemble collabore avec les éditions Ambronay pour une intégrale des sonates pour violon et clavecin de J. S. Bach, ainsi qu’un récital enregistré autour de la musique allemande et autrichienne pour violon seul: Bach, Biber, Pisendel, Westhoff.

Pédagogue reconnue, Mira Glodeanu est aussi professeur de violon baroque au Conservatoire Royal de Bruxelles, ainsi qu’en master classes en France, Espagne, Roumanie, Angleterre, Allemagne. Elle est professeure invitée à l’Université de Salamanque.

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Grande musicienne, sachant exploiter avec art la «voix» de son violon baroque datant de 1604 (exécuté par le luthier polonais Marcin Groblicz), Mira Glodeanu, se promène d’un continent à l’autre, la musique dans le cœur et le baroque dans l’âme…

Plein de nuances

Et lorsqu’on lui demande pourquoi le violon baroque, elle répond avec élan: «D’abord, le monde des timbres et des résonnances qu’il nous offre. Lorsqu’on a eu une éducation classique, on est tourné vers la performance, la virtuosité… On nous entraîne à produire des sons puissants, robustes.»

«Le son des instruments anciens est très doux, plein de nuances», poursuit-elle. «Il est empli de chaleur, il est de mille couleurs, il possède des timbres multiples, des résonnances multiples… C’est aller au-delà du classique.»

«Lorsqu’on écoute les compositeurs comme Rameau, Charpentier, Vivaldi, l’instrument violon prend mille tonalités. On n’est pas dans l’écriture instrumentale pure comme au XIXe. Il y a dans ces œuvres, une écriture qui part sur une même base rhétorique que le chant, donc en tant qu’interprète, je demande au violon d’aller chercher les émotions qui habitent la parole, le langage, l’âme humaine…»

«J’adore être soliste, mais dans un orchestre de chambre, le violon baroque m’offre mille possibilités parce qu’il peut entrer en dialogue avec d’autres voix, comme dans les cantates. C’est sublime!»

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Parions qu’avec son archet rustique, aux côtés des instrumentistes passionnés de Tafelmusik, Mira Glodeanu saura nous emporter jusqu’à l’ivresse en déployant avec feu et grâce, tout le génie de Mozart.

* * *

Dès jeudi on pourra admirer le talent et la virtuosité de Mira Glodeanu dans une série de concerts nous offrant le meilleur de Mozart.

Au programme:
La Sérénade no 13 en sol majeur: Eine kleine Nachtmusik, K.525.
La majestueuse 40e Symphonie en sol mineur, K.550.
La Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre en mi bémol majeur, mettant en vedette les solistes de Tafelmusik Julia Wedman (violon) et Stefano Marcocchi (viole).
The Best of Mozart avec Mira Glodeanu:
du 25 au 28 février, Trinity-St. Paul’s Centre.

Tafelmusik

Auteur

  • Janine Messadié

    Communicatrice d'une grande polyvalence. 30 ans de journalisme et de présence sur les ondes de Radio-Canada et diverses stations privées de radio et de télévision du Québec et de l’Ontario français. Écrit depuis toujours...

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