Le Hamlet de Lepage et Côté «comme vous ne l’avez jamais vu»

Hamlet
Le metteur en scène Robert Lepage et le danseur-chorégraphe Guillaume Côté. Photo: ExMachina
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Publié 16/03/2024 par François Bergeron

L’un des plus grand classique de la littérature anglaise, La tragique histoire d’Hamlet, prince de Danemark, de Shakespeare, a été présentée dans presque tous les formats depuis 420 ans.

Mais pas encore dans celui qu’ont choisi le metteur en scène Robert Lepage et le danseur-chorégraphe Guillaume Côté: un spectacle de danse-théâtre multimédias dans lequel les mouvements remplacent les mots.

The Tragedy of Hamlet: Prince of Denmark connaîtra sa première mondiale à Toronto, à la salle Elgin, le 3 avril. Le production se poursuivra jusqu’au 7 avril seulement, avant de partir en tournée, d’abord vers un festival Shakespeare en Roumanie.

«C’est court et c’est dense», reconnaît Guillaume Côté en entrevue avec l-express.ca. «C’est normal pour ce genre de productions indépendantes.»

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Guillaume Côté dans le rôle du prince Hamlet, de la tragédie de Shakespeare. Photo: Matt Barnes

Côté multiplie les projets

Guillaume Côté a annoncé récemment que la saison 2024-25 sera sa dernière – sa 20e – comme premier danseur du Ballet National.

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Sa compagnie Côté Danse, formée avec le producteur Étienne Lavigne, est de plus en plus active depuis 2019. «Combinant danse classique et géométries contemporaines», elle privilégie «un esthétisme athlétique et dynamique».

Il a toujours trouvé du temps à consacrer à d’autres projets, notamment avec Robert Lepage (Frame by Frame en 2018).

«Je suis vraiment tombé en amour avec Lepage il y a une quinzaine d’années, quand je suis allé voir sa version du Rossignol de Stravinsky. Je n’avais jamais vu un opéra monté de façon aussi originale.»

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Une scène du Hamlet de Robert Lepage et Guillaume Côté. Photo: Stéphane Bourgeois, ExMachina

Un Hamlet qui reste accessible

Dans ce Hamlet co-produit avec Svetlana Dvoretsky, l’une des productrices les plus en vue au pays, qui a travaillé séparément avec Lepage et Côté, «c’est comme si tu regardais le squelette de la pièce de Shakespeare», explique Côté.

«Mais ça reste accessible au commun des mortels. L’interaction des neuf danseurs permet de reconnaître et de suivre l’histoire comme si c’était parlé.»

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«Lepage fait aussi parler les éclairages, tout en ombres et transparences, la perspective et les décors minimalistes, qui se métamorphosent au fil du récit.»

«Mais on ne peut pas dire que c’est une réadaptation: c’est bien le Hamlet de Shakespeare. Lepage a d’ailleurs tenu à conserver le titre original The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark

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Greta Hodgkinson et Lukas Malkowski. Photo: Francois Latulippe, ExMachina

Styles de danse adaptés aux personnages

Côté, qui s’est donné le rôle-titre, a choisi les danseurs en fonction des personnages de la pièce, mais aussi en fonction de leur style de danse pouvant correspondre à ces personnages.

«Laërte, par exemple, est une personne qu’on pourrait qualifier de terre-à-terre: il fera du breakdance à l’occasion.»

«Hamlet est davantage dans sa tête, dans les nuages, il est plus aérien: ma danse le reflètera.»

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Polonius, le conseiller du roi, père de Laërte et d’Ophélie la fiancée d’Hamlet, est interprété par un artiste de mime et de théâtre âgé de 71 ans.

Guillaume Côté a 42 ans. «En ballet classique, c’est souvent dépassé la date de péremption», dit-il. «Mais en danse contemporaine, les danseurs et danseuses peuvent poursuivre leur carrière longtemps, en respectant leurs limites physiques.»

«Pour Hamlet, ici, c’est exigeant, je me suis donné du fil à retordre. Ma blonde me dit que j’aurais pu me ménager.»

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Guillaume Côté et Carleen Zouboules. Photo: Sasha Onyshchenko

Travail intense

C’est Côté qui a proposé à Lepage de monter ce Hamlet dansé, sachant que l’homme de théâtre «connaît très, très bien cette oeuvre pour l’avoir montée et jouée plusieurs fois, dont dans un format où il était seul sur scène».

Le projet a été développé en plusieurs étapes à Québec au cours des cinq dernières années. Une ébauche de travail en a été présentée l’été dernier au Festival des Arts de Saint-Sauveur – dont Côté est directeur artistique.

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«Avec Lepage», raconte-t-il, «on travaille intensément pendant deux semaines, puis on fait tous autre chose pendant un bon moment, puis ont retravaille pendant deux semaines… Ça dure des mois.»

La musique de John Gzowski a été intégrée assez rapidement dans le processus. «Composer une heure 45 minutes de musique pour un tel spectacle est un exploit», estime Guillaume Côté. Puisque c’est du Shakespeare, Gzowski a utilisé quelques instruments du 15e siècle, dont une vielle à roue.

L’oeuvre de Shakespeare «reste un miroir de l’expérience humaine», a déjà mentionné Robert Lepage, et «Hamlet continue de résonner et d’offrir des défis créatifs».

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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