Le gouvernement ne fait pas confiance aux professeurs d’université à la retraite

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Publié 21/03/2006 par Pierre Léon

Une de mes anciennes étudiantes de l’Université de Toronto, devenue collègue, a fait une demande de renouvellement de passeport. Il lui fallait le témoignage de quelqu’un la connaissant depuis un certain temps et pouvant assurer que la photo qu’elle donnait était bien la sienne. Elle me croyait la personne idéale pour ce genre de témoignage, que je lui ai accordé volontiers.

Horreur et sacrilège! Je n’avais pas le droit de témoigner, étant professeur à la retraite! Une dame du bureau des passeports me l’a signifié d’un ton peu aimable par téléphone. Elle s’était renseignée en haut lieu. J’ai demandé des explications à ce règlement. En français. Mais il n’y avait personne qui puisse me répondre en cette langue, ce jour-là, au ministère des… Affaires étrangères!

Trois jours plus tard, une autre personne – peut-être d’un ministère où l’on parle français – m’a expliqué que, dans certaines professions, médicales ou juridiques, par exemple, les retraités sont considérés comme sains d’esprit et peuvent donc témoigner que la personne demandant un passeport leur est connue. C’est trop difficile pour un professeur d’université.

On m’a assuré que ce règlement ne pouvait pas être changé. Rien n’indique, en effet, que l’on puisse faire confiance à quelqu’un dont la cervelle a trop travaillé.

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