Le G20 donne la parole aux pays émergents

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Publié 18/11/2008 par l-express.ca

WASHINGTON (AP) – Les dirigeants du G20 réunis à Washington ont adopté samedi soir un plan d’action concertée contre la crise financière mais ont repoussé le détail des mesures concrètes à un prochain sommet en avril 2009, quand Barack Obama aura pris ses fonctions à la Maison Blanche.

Ce sommet fera du moins date par le fait qu’il a donné la parole à des puissances économiques émergentes comme la Chine et l’Inde ainsi qu’à des pays en voie de développement, au lieu de s’en tenir aux habituels membres du G7 ou du G8 (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, et Russie). Le Groupe des Vingt représente 90 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, 80 % du commerce et deux tiers de la population de la planète.

Peut-être ce G20 (22 car l’Espagne et les Pays-Bas se sont glissés dans la délégation européenne) inaugure-t-il un nouveau format plus représentatif du monde dans les grands dossiers économiques.

Les dirigeants de la planète se sont engagés à coopérer davantage entre eux, à mieux surveiller les signaux d’aleàrte de l’économie et à accorder un rôle plus important aux pays émergents. «Il n’y aura pas de zone d’ombre. Il y a une grande volonté commune pour s’assurer qu’une telle crise ne se répète pas», a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel.

La déclaration finale du sommet trace les grandes lignes pour sortir de la crise mais surtout pour en prévenir une autre, à charge pour les ministres des Finances d’élaborer des propositions concrètes et précises d’ici au 31 mars avant un deuxième sommet en avril sur la mise en oeuvre de ces recommandations. Pour l’instant, il semble que l’approche américaine plus incitative l’ait emporté sur celle de l’Europe, plus régulatrice.

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Voici les principaux points du «plan d’action» contre la crise financière adopté par les dirigeants du G20:

RACINES DE LA CRISE

Les dirigeants du G20 estiment que la pire crise économique et financière depuis la Grande Dépression dans les années 1930 trouve ses racines dans une sous-évaluation du risque par les investisseurs.

Les bons résultats de l’économie mondiale leur ont donné un sentiment de sécurité trompeur.

La déclaration finale des Vingt ne mentionne pas ce que beaucoup considèrent comme l’épicentre de la crise: l’effondrement du système immobilier américain reposant sur le «subprime», le crédit hypothécaire à haut risque qui a permis à des foyers insolvables de s’endetter. La transformation de ces créances douteuses en titres financiers qui se sont dissous dans des marchés trop opaques a abouti à la déstabilisation du système américain puis mondial.

STABILISER LES BANQUES ET RELANCER LA CROISSANCE

Les gouvernements et les banques centrales ont débloqué des milliards de dollars ces derniers mois pour tenter de stabiliser le système financier international.

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Les dirigeants du G20 s’engagent à «prendre toutes les mesures supplémentaires nécessaires», c’est-à-dire à injecter autant de liquidités qu’il faudra pour desserrer le marché du crédit. Ils s’engagent à poursuivre les efforts de stimulation de la consommation.

L’administration américaine s’est opposée à des engagements plus précis, étant donné le prix qu’elle a déjà payé pour redresser la situation, avec un déficit budgétaire qui pourrait bien atteindre le trillion de dollars pour 2008.

RÈGLEMENTATION

Les dirigeants du G20 mettront en place d’ici au 31 mars 2009 un «collège de superviseurs» comprenant tous les principaux régulateurs de la finance dans le monde. Il se réunira de façon régulière pour discuter de l’état des plus grandes banques mondiales opérant dans de nombreux pays et évaluer la sécurité financière de ces institutions.

Les Vingt s’engagent aussi à mieux réguler les produits financiers dérivés des crédits, et notamment des «credit default swaps» (CDS), des contrats d’assurance entre banques et entreprises contre le risque de défaut d’un tiers, qui ont contribué à l’effondrement du marché en devenant des instruments de pure spéculation.

FORUM SUR LA STABILITÉ

Les dirigeants du G20 s’engagent à agir rapidement pour élargir notamment aux puissances économiques émergentes la composition du Forum sur la stabilité financière qui rassemble des représentants des gouvernements, des banques centrales et des agences de régulation de différents pays pour chercher des moyens d’améliorer la régulation financière. Ce groupe peu connu a été créé à la suite de la crise de change asiatique de 1997-98.

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RÉFORME DU FMI

Le G20 prescrit une «réforme complète» du Fonds monétaire international (FMI, 185 pays membres) et de la Banque mondiale, afin de donner davantage de poids dans les décisions aux pays en développement. Des pays comme la Chine reprochent aux institutions jumelles de se faire trop souvent la voix des États-Unis et de l’Europe.

Le FMI, sorte de pompier ou de gendarme, selon les cas, des finances internationales, verra son mandat élargi pour mieux superviser les opérations économiques nationales et ainsi servir de système d’alerte précoce à la crise quand un pays dérive. Les Vingt s’engagent à veiller à ce que le FMI et la Banque mondiale disposent des ressources financières suffisantes pour aider les pays les plus pauvres à affronter la crise.

COMMERCE

Soucieux d’éviter que la crise financière actuelle ne déclenche des réflexes de protectionnisme qui ont fortement contribué à l’apparition de la Grande Dépression des années 1930, les dirigeants du G20 s’engagent à ne pas élever de nouvelles barrières douanières pendant les 12 prochains mois. Ils s’engagent en outre à tenter de trouver un accord dans l’année sur les modalités permettant de conclure le cycle de Doha sur les échanges commerciaux au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais avant même la crise actuelle, les négociations se trouvaient dans l’impasse en raison des divergences entre pays riches et pauvres.

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